Grève des mineurs de 1948 : Quand un gouvernement socialiste usait et abusait de la répression syndicale et faisait tirer sur des ouvriers…
Posté par communistefeigniesunblogfr le 11 mai 2014
Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.
Mineur(s): à la mémoire des gueules noires de 1948
Quand un gouvernement socialiste usait et abusait de la répression
syndicale et faisait tirer sur des ouvriers…
35 000 soldats dans le Nord Pas-de-Calais
photo : Anzin, octobre 1948
Travailleurs. « Le renouvellement de ces attaques
sauvages oblige le gouvernement à décider que,
à l’avenir, les forces de l’ordre, lorsqu’elles seront
ainsi assaillies, pourront se défendre après les sommations
nécessaires. »
Ainsi parle François Mitterrand.
Nous sommes en 1948, la grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais vient de s’achever
par une répression d’une rare violence, et les « forces de l’ordre » en question, au service
du gouvernement socialiste de l’époque, ont répondu aux instructions du ministre de l’Intérieur,
Jules Moch, sorte de Clemenceau au petit pied, donc plus dangereux encore que son triste prédécesseur.
Les « attaques sauvages » évoquées par Mitterrand, alors secrétaire d’État à la présidence du Conseil,
ne sont rien d’autre que des faits de grève, menés par les ouvriers des mines de France en rébellion
contre les décrets signés par Robert Lacoste, ministre de l’Industrie, qui, d’un trait de plume, venait
de leur supprimer les acquis sociaux obtenus à la Libération.
Ces travailleurs de la terre noire ne sont pourtant pas n’importe qui. Résistants pour la plupart,
militants CGT et/ou communistes, ils avaient été les acteurs courageux d’une grève pour l’histoire,
en 1941, déjà à l’appel de la CGT et du PCF clandestin, pour « du savon et du pain », acte de résistance
et d’espoir au cœur de la nuit noire. Ce sont ces mêmes hommes, ces mêmes familles, qui se battent
pour les salaires et la dignité de leurs droits, que le gouvernement socialiste de 1948 traite comme
des ennemis. La même année, la CGT a remporté haut la main les élections professionnelles et organisé,
dans la foulée, un référendum auprès des mineurs : 89 % votent pour la grève dans le Nord-Pas-de-Calais.
Ils cessent le travail le 4 octobre, dans l’unité syndicale. L’action se durcit. Le gouvernement lance les CRS,
la gendarmerie et l’armée. Bilan ? Six morts, 2 000 arrestations, autant de condamnations à la prison
et des centaines de vies brisées.
Gauche. L’histoire est bien connue des lecteurs de l’Humanité, hélas moins du « grand public »,
qui découvrira avec plaisir et stupéfaction, n’en doutons pas, le très beau livre de la journaliste
du Canard enchaîné, Dominique Simonot, Plus noir dans la nuit (éditions Calmann-Lévy), récit circonstancié
de ces événements, réalisé avec les témoignages directs des derniers héritiers vivants.
Toute leur vie, ces gueules noires ont réclamé compensation, et il leur a fallu attendre 2011¹ et un arrêt
de la cour d’appel de Versailles pour que dix-sept d’entre eux, anciens employés des Charbonnages
de France, perçoivent 30 000 euros d’indemnisation pour licenciement abusif et discrimination.
L’épisode judiciaire soldait l’une des plus longues batailles de l’histoire syndicale.
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¹ Grève de 1948 : charbons gagnants
Grève des mineurs de 1948 (Pierre Outteryck)
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