Une journaliste de l’Humanité menacée par la police
Posté par communistefeigniesunblogfr le 14 février 2017
de Rosa Moussaoui
Je n’aime pas les « faits alternatifs », je déteste la pression
et je ne supporte pas la menace. Ce matin, sur France Inter,
à propos de mon enquête sur le commissaire d’Aulnay-sous-bois,
Céline Berthon, la secrétaire générale du syndicat national
des commissaires de police, reproche à l’Humanité de dresser
un parallèle entre la condamnation de ce policier en 2008
et les faits survenus à Aulnay. Je ne dresse aucun parallèle.
Je rapporte des faits, que j’estime devoir être connus
du public.
« Parfois on doit rendre compte de faits ou d’événements pour lesquels nous ne sommes malheureusement pas là
mais parce que nous sommes les chefs, nous sommes responsables », dit-elle encore. C’est faux. Le policier
en question a été condamné pour des faits auxquels il a assisté en 2004. Les décisions de justice en témoignent.
Enfin, après le mensonge, la menace.
Furieuse de voir circuler l’identité du commissaire d’Aulnay, la secrétaire générale du syndicat policier laisse
entendre que des poursuites pénales pourraient être envisagées : « Nous mettons en garde ceux qui se livrent
à ce type de procédés aujourd’hui sur le fait qu’ils sont dans une mise en danger de la vie d’autrui ».
Si j’ai choisi, en accord avec ma rédaction en chef, de mentionner son identité, c’est que ce policier lui-même
se met en scène dans des médias locaux, dans des vidéos postées sur le web, visibles par tous.
Les médias relatant l’affaire de 2004 et le jugement de 2008 mentionnent tous son nom. Par ailleurs, c’est aujourd’hui
un important cadre policier de Seine-Saint-Denis, dont le nom est mentionné dans les organigrammes.
J’ai en revanche choisi de ne pas mentionner les noms des autres policiers condamnés dans « l’affaire de l’enjoliveur »,
publics eux aussi.
L’accusation de mise en danger de la vie d’autrui est très grave et dans le contexte, elle est chargée
de sens. Elle ne vise rien moins qu’à intimider les journalistes, à les dissuader d’enquêter sur les pratiques
policières. J’y vois une insupportable mise en cause de la liberté de la presse, du libre exercice du métier
de journaliste.
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