Le vote des femmes n’a que 70 ans
Adrien Rouchaleou – l’Humanité – 29 avril 2015
(capture d’écran)
Les Français votent depuis plus de deux siècles.
Mais les Françaises n’ont gagné ce droit que beaucoup
plus récemment.
Mais au fond, cette question, « Ginette, comment voteras-tu ? »,
tout le monde (ou presque) se la pose. Depuis longtemps,
les opposants au suffrage réellement universel ont fait
leur argument d’une prétendue incapacité des femmes
à se saisir des enjeux politiques.
Ainsi, le Dr François Labrousse, sénateur de la Corrèze, estime en 1922 que « la puissance, la profondeur
dans les idées, la logique absolue, le raisonnement rigoureux, l’abstraction sont des qualités de l’esprit
que la plupart des femmes ne peuvent présenter. (…) La femme est surtout un être émotif et sensible ».
La même année, son collègue Paul Régismanset, de Seine-et-Marne, s’étonne : « Les suffragettes affirment
que les Françaises veulent donner leur avis (….). Cela m’étonne car lorsque trois femmes sont réunies,
elles se mettent aussitôt à parler chiffons. »
Même à gauche, certains – en particulier, les radicaux – craignent de voir les femmes voter car elles le feraient
comme le curé le leur a dit. Quant à la deuxième Internationale, elle ne connaît que la lutte de classe
et ne tolère pas l’autonomie des féministes.
Plus d’un siècle et demi de lutte pour l’égalité politique
Le débat est en fait déjà vieux : il date de la Révolution. Il faut pourtant se souvenir que des femmes avaient
voté aux États généraux de 1789. L’année suivante, Condorcet s’exprime dans le Journal de la société :
« Pourquoi des êtres exposés à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils exercer
des droits dont on n’a jamais imaginé de priver les gens qui ont de la goutte tous les hivers et qui s’enrhument
aisément ? » Pourtant la République créera la figure du citoyen en oubliant totalement la citoyenne.
S’en suivra plus d’un siècle et demi de lutte pour l’égalité politique, avec ses grandes figures :
Olympe de Gouges, évidemment, avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791 ;
Jeanne Deroin, candidate aux élections législatives de 1849, parce que « la cause du peuple et la cause
des femmes sont intimement liées », Hubertine Auclert et son journal la Citoyenne…
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Le pouvoir hypnotique de la domination