Vers une dictature mondiale orchestrée par une poignée d’oligarques ?

L’éditorial de Patrick Apel-Muller.
David Cameron, le très conservateur premier ministre
britannique, a décidé d’aller plus loin encore
que Margaret Thatcher pour interdire le droit de grève.
Le projet de loi qu’il va présenter aux Communes veut
imposer, en préalable à tout mouvement, un scrutin
avec au moins 50 % de salariés participants
et une majorité absolue. Dans certains secteurs (santé,
éducation, énergie, transports, pompiers ou sécurité
aux frontières), il faudra même que les bulletins
favorables soient supérieurs à 40 % des inscrits.
Le recours aux « jaunes », des intérimaires embauchés
pour casser les grèves, sera également autorisé.
Il s’agit purement et simplement de liquider les syndicats en les réduisant à une fonction de témoignages.
Vous avez dit démocratie ?
À Addis Abeba, les pays riches ont imposé aux pays du Sud, lors d’une conférence sur le financement
du développement, de renoncer à la création d’un organisme de lutte contre l’évasion fiscale sous l’égide de l’ONU.
Sans doute ont-ils estimé qu’en installant M. Juncker à la tête de la Commission européenne, ils avaient choisi
un spécialiste à qui rien n’échappe en la matière. À leurs yeux, rien ne doit entraver la marche
des multinationales, surtout pas une instance internationale qui pourrait provoquer un effet de loupe
sur des pratiques qui ruinent des États. Ces deux événements advenus aux antipodes méritent d’être
rapprochés du sort fait à la Grèce. L’ordre libéral piétine la démocratie, les biens communs et le droit
des salariés à se défendre, pour mettre les peuples en coupe réglée. Pour cela, il faut détruire les grands
principes qu’on servait aux citoyens et remplacer les institutions sur lesquelles ils ont prise, comme la justice
de service public, par des tribunaux arbitraux dévoués à la loi du plus fort. C’est ce qui sous-tend le traité
transatlantique.
La crise sur la dette grecque a mis en relief la violence inouïe des oligarques. Elle a aussi déchiré
des illusions et dessillé des yeux. Athènes, blessée, continue de résister. D’autres allumeront
leurs flambeaux à sa flamme.