Gouvernement
Manuel Valls réécrit
la doctrine socialiste
Manuel Valls : « C’est une chance d’être au ministère de l’Intérieur »
L’ex-candidat à la primaire socialiste de 2011 met
à profit ses responsabilités au gouvernement
pour faire accepter au PS la doctrine sécuritaire
libérale qu’il a jusqu’alors rejetée.
On savait le gouvernement et sa majorité divisés sur le cap politique défini par François Hollande, que ce soit
sur la restriction des dépenses publiques, la question fiscale, la réforme des retraites ou encore l’action à conduire
pour «réorienter» l’Europe. C’est finalement sur le terrain le moins attendu – la politique migratoire –
que la détonation s’est produite, après la sortie du ministre de l’Intérieur qui a mis le feu aux poudres, mardi dernier,
sur les Roms, dont «les modes de vie extrêmement différents des nôtres» seraient «en confrontation» avec le reste
de la population. La polémique dépasse désormais et de loin le cadre du bras de fer entre le locataire de la place
Beauvau et sa collègue au ministère du Logement, Cécile Duflot, qui l’a accusé de mettre en péril
le «pacte républicain», et met aux prises deux conceptions radicalement différentes de la gauche.
Les sorties de Manuel Valls n’ont en effet rien d’improvisé : «Si François Hollande m’a nommé là, c’est parce
qu’il savait que j’avais sur les questions de sécurité, d’immigration et de laïcité une forme de cohérence», estime-t-il.
Une cohérence qu’il dit puiser chez celui qu’il revendique comme son maître à penser, tenant d’une « gauche »
de l’ordre, en opposition à celle, d’essence révolutionnaire, incarnée par Jean Jaurès : «Ma filiation en politique,
c’est la gauche républicaine, avec le ministre de l’Intérieur qui a organisé la police moderne, Georges Clemenceau»,
rappelle-t-il, dans un entretien à Libération du 22 août dernier.
«Le péché de droitisme, Manuel le porte depuis l’origine»
En ressuscitant la polémique Clemenceau contre Jaurès, le ministre de l’Intérieur cherche à légitimer l’ancrage
à gauche de sa politique, contre ceux qui lui font un procès en droitisation. Ceux-là ne se trouvent pas que
chez ses «amis» politiques. À l’UMP aussi, les correspondances avec les conceptions qui ont cours à droite frappent
les esprits : «Affirmer que l’explosion démographique impose de nouvelles règles, c’est une évidence, un constat lucide
que je ne peux que partager. (…) Sur la question de la laïcité aussi, je ne peux qu’approuver Manuel Valls. (…)
Manifestement, Nicolas Sarkozy est pour lui un modèle», déclarait le député UMP Éric Ciotti. «Le péché de droitisme,
Manuel le porte depuis l’origine», rappelait aussi, dans Challenges du 20 décembre 2012, son ami Alain Bauer,
ex-conseiller à la sécurité de Nicolas Sarkozy.
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