Le Front national parasite déjà les pensées de la droite
Grégory Marin – L’Humanité – 18 mars 2015
La gestion sociale des villes
que le Front national dirige
ou soutient préfigure
ce qu’il en serait de leur conduite
au plan départemental.
Dans quelques collectivités locales,
l’application de leur programme
antisocial se trouve facilitée
par l’action bienveillante
d’une partie de la droite.
« On ne vise pas d’alliance avec l’UMP ni avec des partis avec qui nous ne partageons pas de valeurs
ni de projet pour la France », promettait mardi le vice-président du Front national, Florian Philippot,
sur Public Sénat. Voilà pour les mots. Dans les faits, les « valeurs » sont assez largement partagées
par une partie de la droite, qui pourrait signer la « charte de cinq ou six engagements de fond
sur les compétences départementales », proposée par le parti d’extrême droite. Quant aux alliances,
elles sont sinon en cours, du moins envisagées. Le même jour, à Avignon, la députée FN du Vaucluse,
Marion Maréchal-Le Pen, ne prévoyait-elle pas que « certains candidats ou élus UMP non inféodés à Paris
appelleront à faire barrage à la gauche car l’adversaire principal, c’est la gauche » ?
En lieu et place de la « tambouille UMPS », dénoncée par Philippot, les intérêts bien sentis entre FN
et droite ont déjà permis aux idées d’extrême droite et à son personnel politique de s’imposer sur le terrain.
Marine Le Pen disait, en début de semaine sur France Info, vouloir faire la démonstration que « nous sommes
capables, dans un département, de faire nos preuves comme nous l’avons fait dans les municipalités ».
Afin de mesurer la crainte de voir appliquer au plan départemental les politiques promises par le Front national,
il faut en effet se tourner vers les villes officiellement gérées par lui.
♦ À Beaucaire (Gard) par exemple, les « 1,64 million d’euros d’économies » affichées par le maire, Julien Sanchez,
tiennent surtout à la fermeture de la Maison du vivre-ensemble et à la traque des « profiteurs des cantines » :
haro sur « la population en difficultés sociales », dénonce Laure Cordelet, animatrice du Rassemblement citoyen.
♦ À Villers-Cotterêts (Aisne), le maire, Franck Briffaut, est candidat à la présidence d’un département qui place
le FN à 41 % d’intentions de vote au premier tour, selon un sondage Odoxa pour le Parisien publié le 16 mars.
Dans sa ville, il a mis fin à la cantine pour les enfants de chômeurs : « Une personne au RSA peut venir chercher
son enfant à l’école car elle ne travaille pas », arguait-il.
♦ À Béziers, où le maire, Robert Ménard, est soutenu par le FN, la réduction du budget des centres sociaux
(un marqueur de l’action municipale frontiste) atteint les 20 %, ciblant prioritairement le quartier défavorisé
à forte population d’origine immigrée de la Devèze. La liste n’est pas exhaustive.
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