Yanis Varoufakis met en lumière les appétits des liquidateurs de la Grèce
L’ex-ministre des finances grec, qui a rejeté l’accord à la Vouli
hier soir, décrypte sur son blog les implications concrètes
de chaque point du texte imposé par l’Eurogroupe.
A travers ses remarques, l’économiste révèle les desseins
prédateurs des bailleurs de la troïka. Il montre comment l’accord
ouvre un boulevard à ceux qui ont pour projet de faire de la Grèce
un paradis social et fiscal pour les entreprises transnationales
qui convoitent des pans entiers du patrimoine industriel
et des secteurs vitaux dont la privatisation est exigée.
A quelques heures du vote du Parlement sur l’accord du 13 juillet, Yanis Varoufakis, pour qui la démission,
n’est pas synonyme de mutisme, a publié une version intégrale du texte, avec ses remarques et annotations (en gras).
Loin du « plan de sauvetage », ce texte qui porte une lourde atteinte à la souveraineté du gouvernement grec,
constitue un coup d’arrêt à toute tentative de relance économique et éloigne encore davantage la résorption de
la crise humanitaire grecque.
(lire la version originale en anglais)
Quelques extraits :
• En ce qui concerne les marchés de l’énergie, procéder
à la privatisation de l’opérateur du réseau de distribution
d’électricité (ADMIE), à moins que l’on puisse trouver
des mesures de remplacement ayant un effet équivalent
sur la concurrence, comme convenu par les institutions
[ADMIE sera liquidé au profit d’intérêts particuliers
étrangers sous commandement des institutions];
• En ce qui concerne le marché du travail,
entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation
des négociations collectives [s’assurer qu’aucune
négociation collective n’est possible], de l’action syndicale
[qui doit être interdite] et, conformément à la directive
pertinente de l’UE et aux bonnes pratiques,
des procédures de licenciement collectif
[qui doivent être soumises aux caprices des employeurs], selon le calendrier et l’approche
convenus avec les institutions [c’est la troïka qui décide].
Sur la base de ces réexamens, les politiques du marché du travail devraient être alignées sur les meilleures
pratiques internationales et européennes, sans que cela se traduise par un retour aux politiques
antérieures qui ne sont pas compatibles avec les objectifs de croissance durable et inclusive
[il ne doit exister aucun mécanisme permettant aux salariés d’obtenir de meilleures
conditions des employeurs];
[..]
• Conformément aux ambitions du gouvernement
grec, moderniser et considérablement renforcer
l’administration publique grecque, et mettre en place,
sous l’égide de la Commission européenne,
un programme de renforcement des capacités
et de dépolitisation de l’administration publique grecque
[faire de la Grèce une zone sans démocratie
sur le modèle de Bruxelles, une forme de
gouvernement soi-disant technocratique, politiquement
toxique et macro-économiquement inepte].
Une première proposition devrait être présentée
d’ici le 20 juillet après discussion avec les institutions.
Le gouvernement grec s’engage à réduire encore
les coûts de l’administration publique grecque [diminuer les bas salaires tout en augmentant
légèrement les salaires des quelques apparatchiks proches de la troïka], conformément
à un calendrier convenu avec les institutions;
[Article complet sur humanite.fr]