Sambre et Meuse face à la « roublardise » organisée (l’Humanité)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 9 avril 2015
INDUSTRIE
Sambre et Meuse face à la « roublardise » organisée
Photo : Stephane Dubromel
Près de Maubeuge, 261 salariés métallurgistes
licenciés de l’entreprise de matériel ferroviaire
Sambre et Meuse occupent leur usine
depuis plus de trois semaines. Ils manifesteront
à Paris ce jeudi.
Reportage.
Feignies (Nord), envoyée spéciale. Dans l’Avesnois, le bocage se pare des attraits du printemps. Feignies, à trois kilomètres de Maubeuge. Rue Jean-Jaurès. Rue de la République. Rue des Usines. Un cul-de-sac. Avec au fond, Sambre et Meuse (SM), l’entreprise de matériel ferroviaire en acier moulé, fermée le 18 mars, occupée nuit et jour depuis par d’ex-salariés. Un moule de 40 000 euros disparaît dans les flammes de la colère, sur le parking. Les hommes ont les traits fatigués, tendus. Ils ont reçu leur lettre de licenciement, espèrent être payés le 10 avril comme promis par les AGS, le régime de garantie des salaires. Le 21 avril, ce sera le solde de tout compte et les 261 métallurgistes pourront aller s’inscrire au chômage, certains pour la première fois de leur vie. Ils seront en tête de la manifestation contre l’austérité à Paris, ce jeudi. Ils brandiront une photo datant de 2009 où l’on voit François Fillon, alors premier ministre, posant aux côtés de Vladimir Poutine derrière deux industriels, un Français et un Russe, en train de signer le contrat de l’espoir.
De la production de plaques d’égout au métro de New York
Hervé est à la fois fier et écœuré de rappeler que cette unité de production d’acier moulé plus que centenaire a associé son nom aux plaques d’égout de par le monde, au métro de New York. Son père a fait carrière là. Son fils devait y poursuivre la lignée de métallos, au métier harassant, payés 1 400 euros par mois en trois-huit, mais porteurs d’un savoir-faire collectif unique en Europe. « Vous voyez le gâchis ? » questionne l’ouvrier, promettant de ne rien « lâcher ».
Les revendications : une prime extralégale de 20 000 euros par salarié, la vraie recherche d’un repreneur, et des réponses aux questions.
♦ Pourquoi les actionnaires russes ont déserté après avoir investi ?
♦ Pourquoi les avoir laissés devenir les principaux clients à 80 % alors qu’il y avait de la demande en France avec Alstom et Bombardier, en Algérie, et alors qu’un contrat court encore avec la Finlande ?
♦ Pourquoi y a-t-il eu suffisamment d’argent pour rénover les bureaux de la direction à hauteur de 700 000 euros ?
♦ Pourquoi de l’argent transitait par la Chine et quelques paradis fiscaux ?
♦ Pourquoi le cabinet d’expertise Secafi a été empêché de réaliser un audit complet ?
♦ À quel prix les 1 000 tonnes d’acier du stock seront vendues aux enchères ?
♦ Cette fermeture est-elle à mettre en lien avec le projet de « zone verte » promise pour le secteur ?
Sambre et Meuse en lutte
Journal l’Humanité – sur youtube
Et puis, il y a ce problème qui se pose à tout le monde ici : « Est-ce qu’on va devoir payer nous-mêmes les 40 euros de mutuelle par mois ? » De quoi imaginer le niveau de pauvreté de ces hommes qui traduisent le mot « austérité » par « manque d’argent pour participer à la relance de l’économie », par « appauvrissement généralisé au profit de quelques-uns ». Des soutiens politiques, il y en a eu. Le député PCF Alain Bocquet ayant saisi le premier ministre. Mais les appels au secours adressés au député socialiste Rémi Pauvros, au maire UMP de Maubeuge, n’ont rien apporté de concret. « On a organisé une journée portes ouvertes avant le second tour des élections, ils sont venus se rincer l’œil… », peste Benjamin, un jeune salarié baraqué, épuisé, qui vit à l’usine nuit et jour depuis l’occupation.
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