Éditorial Par Michel Guilloux
L’éditorial : « De l’eau et du gaz »
L’éditorial de Michel Guilloux.
« Des centaines de milliers de personnes risquent
de se voir couper brutalement le gaz ou l’électricité.
Un mot recouvre ce fait : précarité énergétique.
À peine inventé, aussitôt banalisé ?
Pas pour tout le monde : les intéressés au premier
chef, mais aussi celles et ceux qui ont une tout
autre idée de la vie en société à notre époque
que les comptables et faiseurs de statistiques. »
Une douceur printanière gagne le pays.
Les rayons de soleil ravivent le moral. La mi-mars s’approche
mais, pour beaucoup, elle est moins synonyme de changement
de saison que de plongée dans l’angoisse. Avec elle finit la trêve hivernale. Les expulsions locatives vont reprendre.
Grâce à une évolution de la loi, les plus fragiles parmi les plus touchés par les inégalités sociales ont été épargnés
et ont pu continuer à se chauffer cet hiver. Aussi doux fût-il, cela était nécessaire. Seulement voilà, en la matière aussi,
la trêve, nouvelle, va se clore.
Des centaines de milliers de personnes risquent de se voir couper brutalement le gaz ou l’électricité.
Un mot recouvre ce fait : précarité énergétique. À peine inventé, aussitôt banalisé ? Pas pour tout le monde :
les intéressés au premier chef, mais aussi celles et ceux qui ont une tout autre idée de la vie en société à notre époque
que les comptables et faiseurs de statistiques. Au-delà de ces coupures, il est un iceberg dont elles constituent
la pointe émergée : celui de la pauvreté de masse, provoquée par une explosion sans précédent des inégalités sociales.
Que ce soit dans les 150 plus grandes villes de France ou dans les campagnes, périurbaines ou pas.
Chômeurs dont le nombre explose lui aussi, ou précaires dont les contrats d’intérim ou à durée déterminée ne suffisent
plus à faire bouillir ne serait-ce que la marmite. Femmes seules avec enfants ou jeunes de moins de trente ans…
Il se trouve des hommes et des femmes
pour refuser cet état de fait. Certains,
avec la fédération CGT de l’énergie, se revendiquent
de Robin des Bois. D’autres, élus, et parmi eux
le plus souvent communistes, prennent des arrêtés
anti-expulsions, voire s’y opposent physiquement
au besoin. Ils constatent que l’Europe telle
qu’elle s’est bâtie, à coups de bélier contre les services publics et les droits sociaux, a contribué à la régression
sociale en cours, alors qu’elle pourrait jouer un rôle de nivellement par le haut dans ces mêmes domaines.
Résultat, les tarifs flambent, les profits des entreprises privatisées itou. Et la misère.
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