Municipales : le visage anti-social et anti-écolo du Front National
par Sophie Chapelle 20 mars 2014
Avec près de 600 listes validées dans 87 départements, le FN espère
jouer un rôle d’arbitre dans de nombreuses villes. Et surfe sur le
« virage social » du parti. Basta ! s’est donc penché sur les récents
votes des élus frontistes dans les conseils régionaux
du Nord-Pas-de-Calais, de Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte
d’Azur. Accords commerciaux, gaz de schiste, agriculture, transports…
Autant de sujets sur lesquels les positions des élus FN contredisent
les promesses de Marine Le Pen. Y compris lorsqu’il s’agit de soutenir
des ouvriers en lutte contre la fermeture de leurs entreprises.
Passer d’un vote « contestataire » à un vote « populaire » est l’un des objectifs affichés du Front National
pour les élections municipales. Mais dans les conseils régionaux – où le FN totalise 118 élus dans 12 régions [1] –
il apparaît toujours comme un parti protestataire. Et incohérent. C’est ainsi que le 25 février, Marine Le Pen affirme
déclarer « la guerre » au futur accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis (voir notre analyse).
Or, quatre jours plus tôt, le groupe FN au conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) a agi en totale
contradiction avec cette déclaration. Les élus frontistes ont en effet voté contre une motion demandant
« l’arrêt des négociations sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement ».
[...]
Climatosceptiques convaincus
Les questions environnementales, ce n’est vraiment pas la tasse de thé des élus du FN. Ces derniers, assemblée
après assemblée, multiplient les déclarations climatosceptiques. « Nous nous opposons aux frais de communication
qui consistent à annoncer la catastrophe climatique avec toujours de plus en plus de véhémence, alors qu’aucune
étude n’est en mesure de démontrer l’incidence à long terme des émissions de gaz à effet de serre sur l’évolution
du climat », déclare notamment Joël Cheval, élu FN en Rhône-Alpes, en décembre 2011.
« Dire au public qu’il va falloir changer nos habitudes est compliqué, explique leur opposant Pierre Mériaux, conseiller
régional EELV. Électoralement, il est certes bien plus payant de nier la réalité… et de nous mener droit dans le mur ! »
La vision climatosceptique du FN se traduit par son abstention ou son opposition quasi-systématique
sur les délibérations concernant ces questions environnementales. En février 2012, le groupe FN
en Nord-Pas-de-Calais a ainsi voté contre une évaluation de la lutte contre le changement climatique.
Dans un entretien, Eric Dillies, conseiller régional Nord Pas de Calais, décrit la journée type d’un citoyen qui vivrait
sous la présidence de Marine Le Pen. Les propositions contradictoires s’y entremêlent. D’un côté, une agriculture
100 % bio et locale, et des paysages préservés. De l’autre, la construction de nouvelles routes pour réduire
les embouteillages, la construction de dix grandes villes à 150 kilomètres de Paris et la destruction des « cités »
remplacées par des pavillons de deux étages. Difficile avec un tel programme de lutter contre la bétonisation
des terres agricoles… En février 2011, le groupe FN en Nord-Pas-de-Calais s’est d’ailleurs opposé
au Plan Forêt en expliquant que les résultats seraient « de toute manière lamentables, puisqu’une fois
plantées les nouvelles forêts, on ne tardera certainement pas à les raser pour construire de nouvelles
zones pavillonnaires ». Avec une telle conception de l’aménagement du territoire, la France risque d’être
recouverte de bitume d’ici 2050 !
[...]
Le « virage social » du Front national ?
Dans sa stratégie de conquête du pouvoir et de « dédiabolisation », Marine le Pen se fait la chantre des victimes
de la crise. Mais dans l’hémicycle de la région Paca, c’est la contradiction totale. Lors de la plénière
du 25 octobre 2013, les élus Front de Gauche ont proposé trois motions, pour soutenir des salariés
de la région Paca menacés de licenciement. Il s’agit des 200 employés du journal Nice-Matin, des Fralib,
qui luttent depuis trois ans pour la reprise de leur usine de thés et tisanes Éléphant en coopérative,
et des Moulins Maurel. Les élus FN se sont abstenus lors de ces trois votes. En juin 2013, ils se sont
aussi opposés à un vœu pour le maintien de l’emploi et des activités industrielles en région Paca,
dans lequel étaient notamment mentionnés la suppression de 600 emplois dans la compagnie maritime
SNCM.
Déjà, en 2010, les 24 élus frontistes du conseil régional de Paca, dont Jean-Marie Le Pen, ont refusé
de voter une motion de « solidarité avec les salariés de Fralib » proposée par la gauche (lire notre article).
[Article complet sur Basta !]
Illustration ajoutée par nous