« Une société gagne toujours à ouvrir ses portes à des figures atypiques qui contribuent à changer les regards en ouvrant des perspectives insoupçonnées sur le monde. » (Paella)
30 décembre 2009 – Lucie Servin
Paella ? autopsie Le Greco
Sous la forme d’un polar, le premier roman de Paella, « l’Autopsie du Greco » interroge les mystères de la peinture du grand maître de l’âge d’or espagnol. Entretien et video de l’artiste.
« Parole à la peinture, regard au spectateur. » Paella brouille les pistes. Le point d’interrogation qui introduit le livre en écho à celui que l’artiste Paella juxtapose à sa signature avertit le lecteur. Une apostrophe discrète, une invitation à la critique, à la remise en question. Celui qu’on surnomme le Greco, Dhominikos Theotokopoulos, né en Crête, s’est installé en Italie avant de venir en Espagne à la fin du XVIe siècle. Ses origines grecques, ses connaissances de la culture méditerranéenne, ont sans doute contribué à faire de ce grand peintre un artiste à part à son époque. Apprécié de son vivant, Le Greco a beaucoup inspiré les modernes. Son originalité a donné lieu à de nombreuses théories sur les mystères de son œuvre, qui constitue comme une anomalie dans l’histoire de l’art occidental.
« Lors de ma première visite au Prado, à l’âge de 13-14 ans, j’avais gardé un mauvais souvenir de la peinture du Greco, confie Paella, je voyais un coloriage grossier, malhabile, un barbouillage sans cohérence. » Depuis, le peintre a revu son jugement, mis en évidence « un système intelligent d’images » qui rend justice au grand maître en revendiquant la complexité de son œuvre. Du grand chef-d’œuvre, l’Enterrement du Comte d’Orgaz, à l’énigmatique Vue de Tolède, Paella questionne les différents niveaux de lecture comme une mise en abîme de sa propre réflexion. L’artiste scrute les moindres détails dans les toiles du maître, et multiplie les gammes de la perception.
De la Tolède de la fin de la Renaissance à l’Espagne contemporaine, le peintre, l’étudiant fougueux, l’écrivain fantasque et le prof cartésien, chaque personnage incarne le possible, s’offre en miroir de la pensée et du rêve, de la raison et de l’imagination. à bord d’un éclair au café, on embarque à l’assaut d’un sanctuaire de délices pâtissiers, dépositaire des secrets et de la dépouille du Greco, gardée jalousement par une nonne tortue.
[Article complet : humanite.fr]
A lire également : Rencontre avec l’artiste- Dialogue avec la peinture
Extrait :
À l’occasion de la sortie de son roman, Paella ? expose au Cabinet d’amateur, jusqu’au 3 janvier à Paris, des œuvres qui témoignent de son rapport à la peinture.
Lors d’une séance de sérigraphie, l’artiste nous présente son interprétation du Radeau de la Méduse de Géricault rebaptisé la Triangulation des Bermudas.
http://www.dailymotion.com/video/xbouw2
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PAELLA ?. Saisir la composition d’une œuvre, c’est la comprendre en partie. La Triangulation des bermudas est une interprétation du Radeau de la Méduse, de Géricault dans laquelle j’ai exacerbé les triangles qui composent le tableau de la version originale en rajoutant le petit personnage qui se prélasse dans la voile et ce slogan : « Combien y seront arrivés, si l’on excepte les parvenus ». La toile est à l’origine un des éléments d’un diptyque, le deuxième volet représente une terre promise, une île d’accueil pour migrants.
Exposition Paella ? au Cabinet d’amateur, 12, rue de
la Forge-Royale, Paris 11ème, jusqu’au 3 janvier.
Vidéo et texte L. Servin
http://autopsiedugreco.com/pres/franc/fcpres.htm :
Communiqué de presse
Le Greco décodé par un peintre
Dans le roman qu’il vient de publier – Autopsie du Greco – Paella nous offre d’inédites clés de lecture de l’œuvre
du peintre du 16e siècle. Savamment mêlée à une intrigue policière digne d’un épisode de la série TV Columbo,
son enquête sur le peintre d’origine crétoise nous dévoile un aspect de son oeuvre totalement ignoré à ce jour :
la dissimulation de symboles élémentaires au sein de ses compositions les plus connues,
telle son chef-d’œuvre l’Enterrement du comte d’Orgaz (1588).
Rares sont les occasions où le lecteur passe de l’état de témoin d’une histoire à celui d’acteur.
Avec cette autopsie, non seulement le lecteur-acteur tombe dans le tableau, mieux que dans le panneau,
mais il en vient même à douter du caractère fictif de l’histoire. Autrement dit : et si ce que Paella écrivait était vrai ? Ce qui est vrai, c’est la réussite de ce premier roman.
Philippe Bertrand, France Inter |
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