ATTENTATS
« Modifier notre Constitution sur injonction de Daech,
c’est donner aux terroristes la victoire qu’ils espèrent »
par Agnès Rousseaux 19 novembre 2015
Comment lutter efficacement contre Daech
et l’idéologie salafiste sans fouler du pied
les principes du droit, sans renoncer
à ce que nous sommes et avons bâti ?
Quelles seront les conséquences sur notre
démocratie déjà bien affaiblie de la révision
de la Constitution et des mesures d’exception
en préparation ?
La réponse par les armes est-elle
vraiment la seule possible ?
Entretien avec le juriste Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme,
et secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Basta ! : Les députés discutent ce jeudi du prolongement de trois mois de l’état d’urgence.
Quelle est votre réaction par rapport au discours de François Hollande devant le Parlement
réuni en Congrès, le 16 novembre, après les attentats meurtriers ?
Jean-Pierre Dubois [1] : Nous faisons face à une situation exceptionnelle, qui appelle à des mesures
exceptionnelles. Mais cela ne signifie pas des mesures d’exception. Cela suppose des moyens plus importants
qu’en temps normal, avec la restriction de certaines libertés si cela est absolument nécessaire. Mais tout cela
doit être décidé démocratiquement, et être accompagné à chaque fois de mesures de contrôle, politiques
et judiciaires, pour éviter toute logique non-démocratique. De ce double point de vue, le discours du président
de la République nous inquiète énormément. Le ton martial rappelle celui du président George W. Bush en 2001.
Nous sommes dans une logique d’impuissance guerrière, avec d’autant plus de gesticulations qu’on ne sait pas
quoi faire.
La peur et la vengeance sont toujours des défaites de la raison. C’est normal que tous, nous ayons
peur, mais nos responsables politiques doivent faire appel à la raison, ne pas être dans l’instantané
et dans l’émotionnel.
[Lire la suite sur Basta !]