PARLEMENT EUROPÉEN
Le pape François ou la dignité humaine comme programme
Devant un hémicycle plein, le pape François a prononcé
hier à Strasbourg un discours où l’homme doit se situer
au cœur des réflexions politiques, non pas comme seul
acteur économique, mais comme personne.
Strasbourg(Bas-Rhin), envoyé spécial.
Il est 11 h 15 ce mardi à Strasbourg. Après une brève introduction
du président du Parlement européen, le socialiste allemand Martin
Schulz, initiateur de la venue du pape à Strasbourg,
Jorge Bergoglio prend place en tribune au moment même où
Jean-Luc Mélenchon quitte l’hémicycle. Comme il l’avait promis la veille, le député européen a alimenté
la polémique quant au bien-fondé de la présence d’un chef spirituel dans cette assemblée que d’aucuns,
comme l’Union des familles laïques, jugent comme étant le baume idéal pour atténuer les douleurs
d’une politique européenne déshumanisée.
Cependant, comme à l’ensemble des eurodéputés présents en cette fin de matinée, le discours du pape a
sans doute plu en partie à l’ancien coprésident du Parti de gauche. Le numéro un du Vatican a, en effet,
avec une teneur humaniste réelle, su parler aux différentes sensibilités politiques présentes dans la salle,
évitant les sujets sensibles comme le mariage gay et l’avortement. Ce qui fut au fond la force
et la faiblesse de ce discours.
« Plus à gauche que le François
que nous connaissons en France ! »
La gauche de l’assemblée a sans doute goûté une fois encore ses propos sur la nocivité de l’ultralibéralisme :
« Maintenir vivante la réalité des démocraties est le défi de ce moment historique en évitant que la force
réelle, expressive des peuples, soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels
qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires
inconnus », a ainsi déclaré le pape François. En ce sens Younous Omarjee, député de la Gauche unitaire
européenne-Gauche verte nordique (GUE/NGL), n’a pas été déçu : « Le pape n’était pas là pour donner
une leçon aux députés, son discours fut plein de profondeur, avec pour proposition la constante
de la valeur humaine comme centre des politiques futures à mener. » Même son de cloche chez la députée
d’Europe Écologie-les Verts (EELV) Karima Delli, qui voit dans cette intervention un avertissement donné
à l’Union européenne. « C’est une critique de l’Europe à tous les niveaux. Mais principalement sur l’aspect
économique et sur les politiques d’immigration : finalement, ce François-là est plus à gauche
que le François que nous connaissons en France ! » Plus à gauche, et peut-être plus écologiste aussi.
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