Discours de Pierre Laurent au Monument de la Paix (Avion)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 11 novembre 2013
Discours de Pierre Laurent au Monument de la Paix
Avion, le 9 novembre 2013
Cher-e-s ami-e-s,
Cher-e-s camarades,
C’est avec émotion que je prends la parole devant vous, devant ce monument
aux morts érigé en 1927, ce monument aux morts pacifiste, sur lequel est
inscrite la fameuse sentence biblique :
« Tu ne tueras point » ; inscription que les autorités de l’époque
voulurent interdire.
Après avoir visité la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, le Flambeau
de la paix de Neuville-Saint-Vaast, le Centre européen de la paix à Souchez,
je ne peux qu’être traversé par l’émotion et réfléchir, avec vous, à cette guerre,
à ses conséquences, aux choix qui ont été faits par les uns et par les autres en 1914.
Et je ne peux que réfléchir au monde d’aujourd’hui, un monde tellement différent et pourtant hanté par le spectre
de la guerre.
Le Parti communiste français s’engage avec cette première journée d’initiatives dans le Pas-de-Calais
dans une année de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale où nous entendons bien faire
entendre la voix de la paix.
Oui, la guerre nous n’en avons pas voulu hier, et notre parti est né de ce refus.
Oui, la guerre nous n’en voulons pas, ni aujourd’hui, ni demain.
Henri Barbusse, dans Le feu dont le récit se déroule en partie sur la fameuse cote 119 que nous avons entrevue
ce matin, écrit :
« Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait ! »
Oui, la Première Guerre mondiale fut une extraordinaire boucherie : 10 millions de morts,
20 millions de blessés.
Regardez la longue liste sur ce monument, elle n’en finit pas. La jeunesse de ce pays fut fauchée, des familles
entières décimées. La France mit des décennies à s’en remettre. Sur ce monument, plus de 400 noms de militaires
et de civils sont inscrits pour une population de plus de 10 000 habitants en 1914.
Des morts, des veuves, des orphelins, des invalides, des malades, des « gueules cassées ». Que de souffrances
dans les corps, dans la chair et dans les esprits.
En lisant cette liste, nous pensons à toutes les victimes militaires de la Première Guerre mondiale,
quelle que soit leur nationalité : 1 400 000 Français, 2 millions d’Allemands, 1 800 000 Russes,
1 100 000 Austro-Hongrois, 650 000 Italiens… Je pourrais continuer longtemps.
Et comment ne pas penser aux troupes coloniales embarquées comme chair à canon, et auxquelles
on a mis si longtemps à rendre hommage, entraînées dans un conflit qui ne les concernait pas :
près de 100 000 morts pour les seules colonies françaises.
Tous furent victimes d’une guerre injuste et inhumaine.
Alors qu’on ne compte pas sur nous pour tomber aujourd’hui dans une sorte de nouvelle Union sacrée
qui commémorerait cette guerre comme s’il s’agissait de notre guerre, d’une guerre qui aurait prétendument
rassemblé le peuple français.
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