INDUSTRIE DU JOUET
La poupée Barbie aurait-elle des penchants esclavagistes ?
Par Ivan du Roy, Nolwenn Weiler
Salaires de misère, heures supplémentaires
excessives, exposition à de multiples produits
toxiques… Les conditions de travail
dans les usines chinoises fabriquant des jouets
pour le groupe Mattel – Barbie ou Fisher Price –
sont jugées indignes par des organisations
chinoises et européennes, qui ont enquêté sur place.
Ce qui n’empêche pas le leader mondial du secteur
de prétendre que ses produits sont conçus dans des conditions socialement responsables.
Visite virtuelle dans une usine chinoise.
Oh, la belle chambre de princesse pour la nouvelle poupée Barbie ! Ah, la jolie caserne de pompiers
de Fisher Price ! Alors que Noël approche, si vous souhaitez rester en contemplation devant les cascades
de jouets, ne pas gâcher votre plaisir et celui de vos enfants au pied du sapin, ni perdre vos illusions
consuméristes, Basta ! vous conseille d’arrêter ici la lecture de cette article.
Car la « compétitivité » de l’industrie du jouet à un prix. Un prix cher payé par le consommateur occidental,
vu les tarifs affichés, mais aussi par les ouvrières qui ont fabriqué et assemblé les composants de ces charmants
bibelots en plastique. En tout cas pour les ouvrières chinoises qui travaillent pour Mattel, leader mondial
de la conception, fabrication et vente de jouets. Le groupe états-unien commercialise notamment les marques
Barbie et Fisher price, et possède les licences pour les figurines de Superman et des Simpson.
En 2011, l’entreprise a réalisé 4,8 milliards d’euros de revenus et 590 millions d’euros de bénéfices. Une large
part des produits de Mattel sont fabriqués en Chine, où le groupe possède quatre de ses neuf usines, et où sont
basés la majorité de ses autres fournisseurs.
Santé et sécurité ? Connaît pas
Vous avez rêvé un jour de fabriquer une poupée Barbie ? Pas de problème ! Direction Foshan ou Shenzhen,
dans la région de Hong-Kong. Mattel n’est-elle pas, selon le magazine américain Fortune, l’une des
« 100 meilleures entreprises dans lesquelles travailler » ? Après avoir signé un contrat de travail quasi-vierge,
où parfois le salaire n’est même pas spécifié ni la date d’entrée dans l’entreprise, vous aurez droit à un briefing
d’environ quatre heures, histoire de vous mettre au courant des règles disciplinaires et de confidentialité
en vigueur dans l’usine. Côté santé et sécurité, bien que vous soyez amené à manipuler des produits chimiques,
une petite heure de formation suffira.
La loi chinoise prévoit bien trois jours de formation à la santé
et sécurité, mais cela nuit à la compétitivité. De toute façon,
il n’y a pas de gants pour manipuler les peintures et autres
cires chimiques, ni de masques pour les aérosols.
A l’usine Mattel de Foshan [1], au Nord de Macao, où se fabriquent
des Fisher Price, « les travailleuses chargées de nettoyer les jouets
avec des diluants chimiques toxiques ne sont pas autorisées
à porter des gants de protection ».
Et c’est parti ! Vous voilà sur une chaîne de production d’éléments pour les jouets. Vous travaillez avec une douzaine
de collègues. Objectif : fabriquer entre 109 et 136 pièces par heure. Vous avez intérêt à être endurant : légalement,
la journée est de 8h, mais les heures supplémentaires sont quasi systématiquement la règle, surtout lors des pics
de production. Ce sera donc plutôt 11h par jour, 26 jours par mois.
Ici, on travaille plus pour gagner plus : le week-end, l’heure supplémentaire est censée être payée 2,14 € (selon la loi).
Mais attention, le comptable de l’usine se trompe souvent. Dans l’usine d’un de nos fournisseurs, à Shenzhen
(près de Hong-Kong) [2], c’est plutôt 1,25 € l’heure. Si vous avez une réclamation, déposez-là auprès du comité
de représentation des travailleurs, s’il en existe un.
14 jours de travail, 1 jour de repos
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