Près de 250 personnes ont défilé dans les rues de Dunkerque, avec en tête du cortège les veuves des victimes de l’amiante. Elles manifestaient à l’appel de l’Ardeva (Association régionale de défense des victimes de l’amiante) du Nord-Pas-de-Calais. Les familles des victimes exigent la tenue d’un procès pénal pour que les « empoisonneurs » soient jugés.
Depuis leur première marche du 15 décembre 2004, l’amiante a fait 16 240 nouvelles victimes. Selon le président de l’Ardeva, l’amiante tuera 100 000 personnes dans les deux prochaines décennies.*
Le 6 avril dernier, avait lieu à Turin la première audience préliminaire qui pourrait déboucher sur un éventuel procès des anciens responsables d’Eternit. Parmi les très nombreux Français manifestant devant le palais de justice de Turin se trouvait Alain Guérif, ancien des chantiers navals de Saint-Nazaire et nouveau président de l’ANDEVA. Dans l’entretien réalisé par Philippe Jérôme pour l’Humanité, Alain Guérif indiquait qu’en France les familles des victimes attendent le procès pénal depuis 13 ans. A la question : » De quel procès s’agirait-il ? », il précisait :
« Il y a déjà eu des procès civils, notamment devant les tribunaux de la Sécurité sociale, qui ont pour la plupart été gagnés par les victimes en première instance. Des indemnités ont été versées et des fautes inexcusables de l’employeur ont été reconnues. Ce qu’il faut maintenant, pour que justice soit vraiment faite, c’est un procès pénal pour sanctionner les patrons et dirigeants qui n’ont pris aucune précaution dans leurs entreprises alors que les dangers de l’amiante sont connus de longue date. Certains se sont comportés comme de véritables assassins en s’enrichissant dans le même temps sur le dos de salariés qu’ils savaient condamnés à tomber malade parfois mortellement. Actuellement des plaintes ont été déposées par des victimes contre quarante entreprises en France. Nous espérons que les quarante dossiers seront instruits et que nous aurons quarante procès au pénal mais malheureusement on ne saurait dire quand ils pourront se tenir. À ce propos, l’annonce par Nicolas Sarkozy de la suppression du juge d’instruction nous inquiète beaucoup, car, si cela se fait et compte tenu de l’inertie des parquets en la matière, il risque de ne plus y avoir de procès concernant la santé publique ou la santé au travail avant bien longtemps.«
Les veuves de l’amiante avaient cessé de défiler en 2006 quand le candidat Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait annoncé la création d’une cellule d’enquête de la gendarmerie spécialisée dans les affaires d’amiante. Elles apprennent aujourd’hui que le procès pourrait ne pas avoir lieu avant 2014 ! Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, le Président a sans doute oublié les promesses du candidat Sarkozy !
Une manifestation nationale aura lieu le 13 juin à Dunkerque.
Reportage de Lionel Gougelot pour Europe 1 sur :
http://www.europe1.fr/Info/Actualite-France/Sante/Les-veuves-de-l-amiante-reprennent-leur-combat/(gid)/216567
Vidéo sur : http://videos.nouvelobs.com/video/iLyROoafJRCE.html
* A lire absolument l’interview de François Malye réalisé par David Bême, le 8 décembre 2004 pour Doctissimo :
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/amiante/8275-amiante-scandale-francois-malye-interview.htm
En voici la conclusion :
« Le programme européen Reach prévoit de demander aux entreprises l’évaluation des risques des 100 000 produits industriels qu’elles utilisent, ce à quoi ils se refusent, estimant que le coût serait insupportable. Incroyable, non ? Et bien pourtant, ces arguments sont relayés par les plus hautes instances de l’Etat qui craignent les délocalisations et la désindustrialisation de l’Europe ! Un chantage à l’emploi qui a des impressions de déjà-vu.«