France : Espérance de vie en baisse
Posté par communistefeigniesunblogfr le 12 juin 2015
La hausse de l’espérance de vie est un phénomène qui a ses propres causes, parfaitement identifiables.
Prendre du recul donne les moyens de mesurer l’évolution probable de notre longévité,
et surtout d’expliquer pourquoi elle stagne et risque fort de baisser dans les années et décennies à venir.
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Extraits :
Inégalité de classes devant la mort
Selon les rares enquêtes produites sur la question, le taux de mortalité chez les chômeurs
est radicalement supérieur à la moyenne. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’aggrave.
D’après une étude longue publiée par l’Insee il y a quinze ans, le risque relatif de mortalité est passé
de +3,5% entre 1975 et 1980 à +5,1% entre 1990 et 1995. Ce phénomène s’est depuis alourdi.
Selon Pierre Meneton, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Insem),
le chômage tue « entre 10.000 et 20.000 personnes par an ». Son étude, réalisé entre 1995
et 2007 et portant sur 6.000 volontaires âgés de 35 à 64 ans, montre une « surmortalité très importante ».
Etre privé d’emploi a « des effets majeurs sur la survenue d’accidents cardiovasculaires et de pathologies
chroniques ».
[…]
En France, seule la comparaison géographique permet d’entrevoir les inégalités de classe devant la mort.
Les études faites par « catégories socioprofessionnelles », qui mélangent dans une même ligne tous les patrons
et artisans sans prise en compte du nombre d’employés, ne permettent en aucun cas une distinction
des classes sociales. Néanmoins, les données montrent chez les cadres et les « artisans, commerçants,
chefs d’entreprise » (sic) le plus gros écart d’évolution, ces catégories gagnant respectivement 5,5 et
5,2 années d’espérance de vie, là où les « inactifs non retraités » déjà les moins bien lotis, ne gagnent
que 2,7 ans. Ce dernier groupe avait donc une espérance de vie moyenne de 65,4 ans sur la période
2000-2008, contre 82,2 ans pour les cadres.
[...]
Selon les données recensées entre 2010 et 2012, l’espérance de vie diffère largement selon les départements.
Chez les hommes, le trio de tête est Yvelines, Paris et Hauts-de-Seine, tous au-dessus de 80,3 ans.
En queue de classement, le Nord et la Guyane sont autour de 75,5 ans tandis que le Pas-de-Calais
pointe à 74,4 ans. Soit six ans et demi de moins, en moyenne, que les Hauts-de-Seine. La différence
chez les femmes est moins flagrante mais réelle, allant de 82 ans et demi dans le Nord-Pas-de-Calais
à plus de 86 ans dans la capitale française.
[…]
Le Royaume-Uni est un exemple de liberté économique pour les grands propriétaires français. Le système
de sécurité sociale, quasiment inexistant, oblige selon les tenants du capitalisme à se forger un destin
par soi-même, sans assistance. Ce refus de la solidarité nationale est également ravageur. C’est à Glasgow
qu’a été mesurée l’espérance de vie la plus basse d’Europe, en-dessous des moyennes nationales des pays
« pauvres » de l’Est. Les hommes de la capitale économique écossaise affichaient en 2008 une longévité
de 70 ans, en prenant compte des quartiers d’affaires. Ceux du quartier ouvrier de Calton présentaient
quant à eux une espérance de vie de 53,9 ans. Sur place, les bourgeois et leurs perroquets imbéciles
répètent que les pauvres cherchent eux-mêmes à se détruire la santé par leur surconsommation d’alcool,
de tabac et de fish and chips. Ils préféraient ne pas mettre l’accent sur les 30% de chômage
et 38% de foyers sans revenu recensés cette même année dans le quartier.
En France, le sujet n’intéresse pas le grand patronat
et ses délégués politiques, de droite ou socialistes,
qui rêvent de reproduire dans l’hexagone les conditions
de la croissance britannique. Ils ont de quoi se réjouir,
car c’est exactement ce vers quoi nous nous orientons.
Le modèle de liberté et d’efficacité économique qu’ils sont
en train de nous imposer, par force réformes structurelles
et coupes budgétaires, est pour le moins singulier.
Cet idéal, bientôt réel, sert définitivement plus la liberté pour le gros employeur de ne pas respecter
de « contraintes » de sécurité et d’hygiène trop « strictes », plutôt que la liberté pour le travailleur
moyen de profiter d’une vie en bonne santé. (…)
Publié dans ECONOMIE, France, POLITIQUE, SANTE, SOCIAL | Pas de Commentaire »