PÉDAGOGIE OU MARKETING ?
École : quand les multinationales remplacent les instituteurs
Par Agnès Rousseaux (30 mai 2013)
Le groupe pharmaceutique Novartis va adresser 5 000 kits
pédagogiques à des écoles élémentaires. De quoi sensibiliser
150 000 enfants à l’importance de prendre soin
de leur animal domestique préféré, chiens ou chats,
pour éviter la transmission de maladies grâce… à des produits
en partie commercialisés par Novartis.
S’agit-il de « séances pédagogiques » désintéressées,
ou de réaliser une vaste opération marketing, avec l’aval de l’Éducation nationale ?
Une trentaine d’enfants sont sagement assis dans les fauteuils de l’auditorium du Muséum national
d’Histoire naturelle. Ils regardent un dessin animé sur les risques de transmission de maladie
par les animaux de compagnie. Un dessin animé réalisé par l’entreprise pharmaceutique Novartis.
Le message : bien se laver les mains après avoir caressé son animal. Et surtout penser à procéder
à une vermifugation régulière de son chien ou chat (par administration d’un médicament), pour tuer
les vers, vecteurs de maladies. Sylvie Thevenon, conceptrice du programme chez Novartis, anime
cette séance « pédagogique » de « sensibilisation pour changer les comportements ».
Cette classe de CE2 de Neuilly-sur-Seine n’est pas la seule cobaye. 2 000 kits pédagogiques ont été
envoyés dans des écoles, 3 000 autres vont suivre en juin. 150 000 enfants de « Cycle 3 » (8-10 ans)
pourront donc apprendre à s’occuper de leur animal de compagnie grâce aux bons conseils de Novartis,
et de sa filiale Novartis santé animale ! Le ministère de l’Éducation nationale a donné son accord
pour cette activité « éducative ». Et évidemment totalement désintéressée… Car qui fabrique et vend
des vermifuges en France ? Novartis, leader mondial pour les antiparasitaires [1].
Des experts pas si indépendants
« En France, les chats et chiens sont vermifugés en moyenne 2,8 et 2 fois par an. D’après une étude
d’experts européens indépendants, il faudrait les fermifuger 4 fois par an, pour réduire la transmission
de maladies comme les zoonoses parasitaires », explique les responsables de ce programme éducatif.
Il s’agit de « lutter contre un vrai problème de santé publique ». Sur celui-ci, on n’en saura pas plus.
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