Exclusif : En Grèce, il ne faut pas dire la vérité :
journaliste recherché par la police
Par Fabien Perrier
Nouveau rebondissement dans l’histoire de la « liste Lagarde ».
Et nouvelles menaces sur la liberté d’information, en Grèce.
L’Humanité a en effet été informée que l’éditeur Kostas
Vaxevanis est recherché par la police.
Un communiqué le confirme : il indique que, sur ordre
du Procureur d’Athènes, « la police grecque exerce
des recherches pour trouver et arrêter l’éditeur du magazine
Hot Doc dans lequel a été publié la liste Lagarde ».
- Dernière minute.
- L’arrestation de l’éditeur Kostas Vaxevanis est confirmée.
Que contient cette liste ? Environ 2000 noms de riches Grecs qui ont
des comptes en Suisse, dans la banque HSBC, échappant ainsi
au fisc de leur pays. Cette liste avait été fournie aux anciens ministres du Pasok (celui de la Défense, Evangelos
Venizelos et celui des Finances, Giorgos Papaconstantinou) par Christine Lagarde lorsqu’elle était ministre
de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Mais cette liste était visiblement vouée à disparaître.
L’un des ministres, G. Papanconstantinou, déclarant qu’il ne savait plus à quel fonctionnaire il avait donné le CD
contenant les noms, l’autre déclarant avoir perdu la clé USB avec les précieuses informations. Depuis, la France
se tenait prête à la communiquer si le gouvernement grec la lui demandait. Il n’en fut rien.
Alors que la Grèce sombre dans une crise sans précédent, le magazine d’investigation Hot Doc a publié les noms,
sans indiquer les comptes ni les sommes. Dans cette liste se trouvent des entrepreneurs ayant obtenu
des subventions de l’Etat grec, avant la crise, pour ne pas fermer leurs usines – comme la famille Lamaras, magna
du textile, des armateurs, des journalistes et trois personnalités politiques. Aussitôt, la police s’est mise à la recherche…
de l’éditeur de la liste. « La police le recherche. Elle l’accuse de divulguer des informations personnelles », explique
à humanité.fr Miguel Samotrakis, un des journalistes du magazine Hot Doc joint par téléphone.
« La police est même venue dans les bureaux » poursuit le journaliste.
Kostas Vaxenakis, rapidement joint par l’Humanité, s’est dit « très inquiet ».
Bref, il ne fait pas bon dénoncer la corruption alors que des personnes impliquées dans l’affaire Siemens,
par exemple (comme Michaël Christoforakos) ne sont pas inquiétées.
Alors que les mouvements sociaux se multiplient en Grèce, que la population – frappée à 25,3% par le chômage –
devient chaque jour plus pauvre, et que le rejet de l’austérité est massif, ce sont désormais les journalistes
qui semblent empêchés d’exercer leur métier. Déjà, en Grèce, certains ont surnommé Kostas Vaxevanis
le « Julien Assange Grec ». Julien Assange est poursuivi pour la publication de documents confidentiels
(câbles diplomatiques).
Cet épisode rappelle de sombres heures dans un pays sorti en 1974 de la dictature des colonels.
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