Bien que ne partageant pas le profond pessimisme de l’auteur, nous reproduisons ici un large extrait d’un article très intéressant de Samuel Metairie publié par Le Grand Soir.
6 juin 2010
La globalisation des échanges est un génocide contre l’humanité
Samuel METAIRIE*
http://sam-articles.over-blog.com
Dernier lever du soleil à Babylone.
Bienvenue dans la phase terminale du processus de destruction de la planète, des écosystèmes, de la biodiversité et de ceux qui la peuplent pour que survivent les préceptes de la globalisation néolibérale. Cette tyrannie du billet vert, cancer généralisé de l’Humanité qui colonise peu à peu les formes de résistances citoyennes à l’oppression, n’autorisera jamais aucune chimiothérapie contre les affameurs de la planète, tumeurs institutionnelles de la honte et du crime. Les puissants nous ont vendu leurs structures institutionnelles pour canaliser les doléances populaires, nous sommes devenus les prisonniers d’un système qui nous enferme dans un engrenage imparable, sclérosé par son propre rôle. Celui-ci obtient le consentement à l’anesthésie collective du consumérisme au lieu de s’unir et de bâtir un front insurrectionnel internationaliste contre l’ennemi commun. L’hypnose à l’occidentale a gagné le bras de fer dans la lutte pour un idéal humaniste à l’aune du nouvel ordre mondial.
[...]
4/ L’oligarchie occidentale les pieds dans l’eau, aux commandes du Titanic.
Il serait temps que la propriété des moyens de production -les usines, les machines, le matériel qui sert à la production des services en tout genre etc.- soit réattribuée à ceux qui les utilisent. Lorsqu’un gouvernement proclame la faillite, la lutte contre l’aggravation du déficit public et vend la nécessité d’une politique de rigueur (gel des salaires, réduire ou supprimer l’intervention de l’État dans l’économie etc.), c’est toujours pour rassurer les marchés financiers. Et non prendre soin de la population. En ces temps où le FMI commence à s’en prendre même à l’Europe, avec sa méthode d’appauvrissement structurel des peuples, (réforme des retraites, gel des salaires dans la fonction publique, privatisation des services publics), nous sommes pour ainsi dire, mal barrés. Le FMI est entré en Grèce, en Roumanie, en Islande entre 2008 et 2010. En ce mois de mai 2010, c’est maintenant au tour de la France, de l’Espagne et de l’Italie de se plier aux ordres du FMI en appliquant ces fameux « plans d’austérité » pour éviter de leur concéder un prêt d’envergure colossale. Mais qu’est-ce donc qu’un plan d’austérité ? C’est juste la privatisation des États, avec pour seul rôle celui de garantir l’appareil répressif contre la révolte du peuple. Pour tout le reste, les ressources, le marché du travail, les secteurs clés de l’économie etc., sont confiés aux marchés financiers, qui gouvernent selon leurs intérêts à court terme.
Depuis le traité de Maastricht signé en 1992, les institutions européennes obligent les États à respecter une ligne directrice établie en quelques points, nommés « critères de convergence », ce qui garrote la marge de manœuvre des États.
- Un État membre de l’Union Européenne doit maîtriser un taux d’inflation calqué sur celui des trois États les plus compétitifs…
- Le déficit public à l’année ne doit pas dépasser 3% du PIB, et la dette publique, 60% du PIB. La dette publique de la France serait de 84% du PIB pour 2010. L’impact antisocial de l’Europe saute aux yeux : on aveugle le peuple en lui faisant croire que l’État n’a plus d’argent (est-ce possible ?), qu’il doit limiter ses dépenses publiques, mais ce que médias, économistes et gouvernement oublient volontairement de dire au lecteur-auditeur, c’est que la réduction des dépenses publiques n’est pas la seule solution pour gérer le déficit public d’une économie. Il y a aussi le recours à l’emprunt et aux réserves accumulées lors des années excédentaires (qui n’est donc plus possible concernant le déficit public), la hausse des impôts ou la création de monnaie supplémentaire à réinjecter dans l’économie (ce qui est interdit par le fait que la création monétaire n’est plus l’initiative d’un État, mais elle est confiée à la banque centrale européenne). Ce mythe des caisses vides de l’économie française, à renflouer par une réduction des dépenses publiques ne tient donc pas, puisqu’il n’y a jamais eu autant d’argent dans les poches des gens. Évidemment, il ne s’agit pas des poches des travailleurs, l’argent se fait toujours aspirer vers les mêmes comptes bancaires…
L’État a donc le choix entre limiter ses dépenses, et soumettre certaines catégories de personnes à l’impôt. Pour un gouvernement libéral qui ne veut surtout pas vexer ses amis de la finance internationale, le choix est vite fait ! Or que voit-on pour éviter que le gouvernement consente à un prêt au FMI ? Gel des salaires jusqu’en 2013, réforme des retraites, recul de l’âge du départ à la retraite, j’en passe…Le démantèlement de la sécurité sociale leur semble préférable alors qu’en vingt ans, la part qui a glissé du public vers le privé avoisine les 200 milliards d’euros, contre 20 milliards de déficit à la sécurité sociale en France ! Je ne suis pas économiste, mais je m’interroge : l’impôt ne serait-il pas la meilleure des solutions ? Imposer une taxe (même faible pour ne pas freiner l’investissement) sur le capital, sur les grandes entreprises multinationales du CAC 40 permettrait de limiter ce déficit public sans avoir à privatiser les entreprises à tours de bras, et tout en permettant à l’État d’intervenir dans l’économie, de subvenir aux besoins de sa population, sans démanteler les acquis sociaux du Conseil National de la Résistance. C’est-à-dire, jouer son rôle d’État.
Entre une oligarchie puissante qui impose le capitalisme à l’état pur dans des pays riches et une société civile qui semble jusqu’ici bien endormie, terrée dans ses pantoufles, on ne peut que craindre le pire pour les mois et les années à venir. Car dans ce contexte où l’objectif des marchés est de déguiser une guerre de spéculation sur les économies européennes en faisant payer leur crise aux peuples à coups de réformes/cassures du marché du travail (davantage de flexibilité), même le plus dépourvu de connaissances en économie a de quoi s’inquiéter : les capitalistes sont apatrides, ils se retournent même contre leurs propres pays occidentaux, pourvu que leurs activité de trading leur fournisse toujours plus de profits.
La crise de 2008 ne fut qu’une accélération du capitalisme, elle fut profitable à une petite partie des capitalistes de la planète. Les entreprises qui enregistrent des déficits licencient, et se font racheter par d’autres, plus puissantes et florissantes. Les pauvres s’appauvrissent, des anciens riches s’appauvrissent, et de nouveaux riches deviennent toujours plus riches grâce à la concentration accrue du capital exacerbée par la nouvelle crise. Les médias s’enflamment en jouant sur la peur de l’avenir pour les classes salariales, ce qui permet aux hommes politiques en place d’appliquer sans obstacles citoyens les codes dictés par les marchés financiers : libéralisation, privatisations, démantèlement des services publics et des acquis sociaux, expropriations, sélection des éléments les plus rentables etc…Une crise financière, c’est toujours l’aggravation de la guerre déclarée aux pauvres dans une opinion aseptisée, aveuglée par les écrans de fumée médiatiques dont le rôle est d’éviter que les peuples reprennent par la rue le pouvoir qui leur est du. Et quand bien même ils le feraient, la police est là pour nous protéger, veiller au respect de l’ordre public. En droit, mais dans la réalité, c’est de la police qu’il faudrait se protéger.
Il en faudra des monceaux de barricades pour freiner les tirs de l’armée et de la police lorsque le peuple, garroté, ne pourra plus subvenir aux besoins des siens. Mais n’attendons rien de cela, ni même d’un quelconque changement collectif solidaire et social, la consommation de masse est ici-bas bien trop ancrée dans les goûts et modes de vie de chacun.
[Article complet : legrandsoir.info/]
* Samuel Métairie
Étudiant en Science Politique, intéressé par les sujets de société, refusant catégoriquement de s’inscrire sur les chemins tracés de la domination néolibérale, imposée comme seule organisation possible de la société. Petit portail modeste d’une plume au mieux acérée, intarissable, insatiable, militant pour que chacun se libère de sa position consentie d’esclaves moderne. (Source : agoravox.fr/)