MÉMOIRE
Il y a soixante-dix ans,
les héros de l’Affiche rouge fusillés par les nazis
Ils n’avaient «réclamé ni la gloire ni les larmes».
Le Panthéon non plus. L’entrée pourtant de
Missak Manouchian parmi les grands hommes
qui ont fait le destin de notre pays, « amoureux
de vivre à en mourir », aurait eu de l’allure.
Elle aurait proclamé que la nation n’est pas
réductible aux discours vert-de-gris
qui la corrompent.
Cependant, soixante-dix ans, jour pour jour, après
leur exécution au Mont-Valérien – la seule femme
du groupe FTP-Moi, Olga Bancic, fut décapitée
en Allemagne – et l’Affiche rouge placardée comme
une infamie, les vers d’Aragon et les notes de Léo
Ferré font à ces résistants étrangers,
à ces communistes, un cortège plus durable,
un hommage plus vibrant, un souvenir vivant.
« Étrangers et nos frères pourtant », ces résistants « criaient la France en s’abattant » parce qu’ils en avaient
la plus haute idée, celle qui s’incarne dans la liberté, l’égalité et la fraternité.
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Le rappel des noms d’Epstein, Boczov, Della Negra,
Alfonso, Fontano, Grzywacz, Rayman, Wajsbrot, Elek…
fait resurgir une grande histoire, celle de ces antifascistes
de tous les pays qui se donnèrent la main face au franquisme
avec les Brigades internationales, face au nazisme dans la Résistance.
C’est dans le creuset du Parti communiste français qu’ils puisèrent
leurs forces, leur organisation, et entamèrent avec de maigres armes
une véritable guérilla urbaine.
La MOI, la Main-d’Œuvre immigrée, était un secteur d’activité du PCF ; elle devint le fer de lance des FTP.
L’Affiche rouge dénonce ainsi Manouchian : « Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés. »
C’est une citation au plus haut grade d’une Légion d’honneur idéale.
La dette à leur égard est immense. Leur combat et leur sacrifice ranimèrent l’espérance de la population
de la région parisienne et firent monter l’angoisse parmi les troupes allemandes et les collaborateurs.
La Libération leur doit tant. Et dans leur legs aussi, ces phrases d’amour :
« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand », « Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant. »
Patrick Apel-Muller
Léo Ferré – L’affiche rouge – L’armée du crime
sur youtube
Il y a 70 ans, l’Affiche rouge