Affiche rouge : Arsène Tchakarian : « Notre première action »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 23 février 2014
MÉMOIRE
Affiche rouge : Arsène Tchakarian : « Notre première action »
Arsène Tchakarian est le dernier membre encore en vie
du groupe Manouchian. Après la Libération, il a passé sa vie
à chercher et à écrire sur la période la plus marquante
de son existence.
Extrait de son témoignage à lire en intégralité
dans le hors-série de l’Humanité, où il se remémore une action
opérée avec Missak Manouchian et Marcel Rayman :
« C’est Manouchian qui m’a amené avenue Mathurin-Moreau.
Dans cette rue débouchant sur la place du Colonel-Fabien, à l’endroit
où se dresse aujourd’hui le siège du PCF, se tenaient à l’époque
des baraques en bois. Celles des MOI – la Main-d’Œuvre immigrée –,
des organisations communistes par nationalité (arménienne, juive
polonaise, juive roumaine, italienne…)
(…) Ensemble, les trois s’en vont pour leur premier coup d’éclat à Levallois-Perret. (…) Michel (Marcel Rayman) nous montre un petit hôtel, ordinaire, duquel sortent une vingtaine de feldgendarmes. Nous étions en fait en repérage. Marcel Rayman me dit : “Toi, Charles (Arsène – NDLR), tu seras à environ quinze mètres. Au moment où ils partiront, tu jetteras la grenade bien au milieu.” Je réfléchis un peu. Sur le front, on tue des Allemands, mais comme artilleur, je ne vois que l’obus partir. Là, ils seront bien face à moi. Marcel explique que Georges (Missak – NDLR) aura un pistolet, qu’il sera à environ vingt mètres de moi. Le mercredi 17 mars, nous arrivons sur place. Alors que je suis en train de me préparer, Manouchian court vers moi. Il me dit : “File la grenade !” Je lui demande pourquoi. Il me dit que l’on n’a qu’un pistolet au lieu de deux, que ce sera Marcel qui l’aura. Il voulait absolument jeter la grenade lui-même. Je vois Manouchian se mettre à courir. Avec son imperméable qui vole derrière lui, on dirait un oiseau. Il jette la grenade pile au milieu. Cinq ou six secondes après, c’est l’explosion. Je vois un adjudant qui commence à se lever. Il avait un pistolet assez long. Il repère Manouchian, qui s’enfuit. Il commence à le poursuivre. Il fait à peine dix pas que Marcel Rayman, coincé dans un coin de rue, l’abat. (…) »
Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le hors-série
Il y a soixante-dix ans, les héros de l’Affiche rouge fusillés par les nazis
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