Culture : Exposition « Crime et Châtiment » au musée d’Orsay
Posté par communistefeigniesunblogfr le 6 avril 2010
Théodore Géricault, Étude de pieds et de mains, 1818-1819, Montpellier, Musée Fabre
© Musée Fabre de Montpellier Agglomération ; photo Frédéric Jaulmes
L’Humanité – 6 avril 2010 – Magali Jauffret
Le mystère du crime approché
par les maîtres de l’art
Au musée d’Orsay, Jean Clair orchestre, sur une partition de Robert Badinter, une saisissante exposition qui, de
David à Picasso, tente de percer le basculement meurtrier et s’intéresse à la justice, à la rétention, au châtiment.
Lorsqu’on entre dans une exposition de cette trempe, suscitée par le désir de mettre en scène un thème, on se demande toujours si l’artistique sera à la hauteur du phénomène sociétal. Vite dit, est-ce que « Crime et châtiment », dont on fait grand tapage médiatique, recèle des chefs-d’œuvre ? Est-ce que ce qui relève autant du pictural que du métaphysique peut déboucher sur une grande exposition artistique ? La réponse est oui. Oui, les grands maîtres ont été fascinés par le crime, de Géricault à Goya, Delacroix, Degas, Cézanne, Picasso, Warhol. Oui, leurs œuvres sont sur les cimaises du musée d’Orsay. C’est la force de Jean Clair d’avoir ce talent-là. On le lui reconnaît depuis qu’il a réussi à pénétrer dans le secret de la conscience humaine avec des expositions comme « L’âme au corps » (1993), puis « Mélancolie » (2006).
Le crime, dans plus de la moitié des œuvres
Cette fois, il fait cheminer l’idée de Robert Badinter, lui fait dépasser l’histoire des institutions judiciaires pour la conduire à aborder des problèmes esthétiques, éthiques et moraux.
Restait le rapprochement, souvent délicat, d’œuvres aux statuts très différents – peinture, dessins, croquis, photographies, mais aussi illustrations de presse et même représentations suggérées par la science –. Aucune n’en sort dévalorisée. Enfin, la scénographie a le culot de pratiquer un nécessaire aller-retour entre art et réel, en montrant, sous son tulle noir, non loin des torses démembrés de Géricault, la guillotine qui a décapité Roger Bontemps et profané le corps sacré du roi de France, mais aussi, chargée d’un autre type d’émotion, la porte d’une cellule de condamné à mort gravée des inscriptions « Adieu Frisette ! » ou « Pas de chance ».
Voir également sur le site : http://www.france2.fr/ l’article :
Art, crime et châtiment au Musée d’Orsay (vidéo, diaporama)
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