La Cimade à Maubeuge : petit à petit, le constat de l’abandon des sans-papiers
mardi 23.12.2008, 05:19 – La Voix du Nord
Le mercredi et le samedi, les bénévoles de la Cimade accueillent les sans-papiers. Depuis un peu plus de trois ans qu’ils les aident, ils ont constaté une aggravation de leur situation : au-delà des démarches administratives pour tenter d’obtenir un statut légal, ils sont confrontés à des problèmes de logement, de revenus…
On a beaucoup parlé d’eux à l’occasion de l’affaire de la Marocaine de 28 ans arrêtée en Sambre-Avesnois puis expulsée, fin mars. « Sa situation est des plus précaires, dénonce Jean-Marie Rausenberger, président de la Cimade de Maubeuge. Elle ne désire qu’une chose, c’est revenir ». Le député PS de la 24e circonscription, Jean-Luc Pérat, s’est fait le relais de la Cimade à l’Assemblée nationale, pour qu’elle obtienne un visa et un titre de séjour à titre humanitaire. « La Cimade est décidée à aller le plus loin possible », insiste Jean-Marie Rausenberger.
Au-delà de cette affaire, les bénévoles sambriens (1) reçoivent une dizaine de sans-papiers à chacune de leurs deux permanences de la semaine. Dans la petite pièce que leur prête le temple protestant de Maubeuge, ils accueillent, écoutent et aident à constituer un dossier de demande de titre de séjour. « C’est à peu près le seul lieu qu’ils aient pour parler. » Ailleurs, le risque existe toujours de se retrouver face à un policier ou à un agent administratif trop zélé.
Plus de logement, plus d’argent
Depuis plus de trois ans qu’ils font ça, les bénévoles ont vu que les conditions des sans-papiers se dégradaient. Aujourd’hui, ils ont également besoin qu’on les aide pour trouver un logement, de l’argent. « Un peu comme ils s’adresseraient à un service social. Il y a une marginalisation des sans-papiers. On leur fait la chasse par tous les moyens. » Le logement, justement. « Depuis un peu plus d’un an, constatent les bénévoles, il est difficile de leur trouver des logements. Même dans les accueils d’urgence ! Ils ne sont les bienvenus nulle part. » Et la tornade du 3 août n’a rien arrangé.
Qui sont ces sans-papiers ? « Ils viennent majoritairement du Maghreb. Mais aussi des pays de l’Est. Ils ont de 18 à 70 ans. Ils considèrent que la France est encore une terre d’accueil, ils ont envie d’y vivre. » Et pourtant… Le cas est courant de sans-papiers qui ont travaillé de longues années en Sambre-Avesnois et se retrouvent sans rien à la retraite : « Ils ne peuvent la toucher que dans leur pays d’origine, et en plus elles sont ponctionnées ! » Le regroupement familial, qui eut ses vertus, est désormais un écueil : quand un membre de la famille est encore au pays, le titre de séjour est refusé, pour éviter l’arrivée d’autres sans-papiers. Quand bien même la personne restée au pays y est installée, en couple avec enfants et travail ! « Il faut prouver qu’on veut faire quelque chose sur le sol français, résume Jean-Marie Rausenberger. Et une promesse d’embauche ne suffit plus. Mais ici, trouver un travail c’est déjà dur. Pour une femme, c’est impossible. » Pourtant, les bénévoles de la Cimade le constatent : « Très majoritairement, ceux qui ont obtenu des papiers ne repartent pas. » Leur envie de vivre en France est probante. Mais pas suffisante aux yeux des autorités. • V. T.
> 1.- La Cimade (comité inter-mouvements auprès des évacués) de Maubeuge tient ses permanences le mercredi (de 14 heures à 16 h 30) et le samedi (de 9 heures à 11 heures), au temple protestant, 5, quai Berteaux à Maubeuge (derrière l’Arsenal). Tél. : 03 27 64 67 54 (aux heures de permanence).
Les bénévoles : Jean-Marie Rausenberger, Pierre Vray, Zoltan Farkas, Annie Cathelain, Thomaz Pieczko, Louisa Kenfer, Pierre-Alain Geraud, Nassera Hamrouche.
Plus de renseignements : www.cimade.org
Rappel :
Prochain Cercle de Silence à Maubeuge, place des Nations (face au jet d’eau),
Samedi 31 janvier 2009, de 11 h à 12h
Soyons nombreux à former ce cercle pour manifester notre désaccord concernant la manière dont sont traités les Sans-Papiers et dénoncer pacifiquement les atteintes aux droits fondamentaux de tout être humain dont ils sont victimes.