Les drames du 13 novembre, les menaces qui rôdent ne doivent pas nous tétaniser
mais au contraire appeler à penser une réponse progressiste qui fasse reculer dans notre société
les injustices, les racismes et les misères, qui donne un autre but à la vie que la course à l’argent
par la brutalité des armes ou la violence des dominations économiques.
Penser contre la menace
L’éditorial de Patrick Apel-Muller
Un choc électrique a secoué Saint-Denis
puis parcouru la France.
Les radios du petit matin annonçaient les fusillades,
l’explosion, un quartier bouclé. L’assaut lancé hier
contre des terroristes a confirmé pour tous
que nous étions entrés dans un autre temps,
celui d’une menace palpable, d’un risque proche,
d’un péril récurrent. Qui peut s’empêcher d’éprouver
une crainte pour ses proches, une suspicion latente
dans les gestes du quotidien ?
Des matamores du verbe ont entrepris de jouer
sur ces sentiments pour entonner des sonneries
belliqueuses et faire des frissons une arme
de propagande massive. L’extrême droite s’est postée
sur les créneaux de l’amalgame et la stigmatisation.
Nicolas Sarkozy, flanqué d’avatars comme Laurent Wauquiez, rêve de lois d’exception et même de Guantanamo
à la française, quitte à prendre le risque des chaos que le bushisme a fait naître. Des concepts périlleux
parce qu’ils engendrent des conséquences funestes sont jetés à la face de l’opinion. Le premier ministre dénonce
même « l’ennemi intérieur » de sinistre mémoire et se campe en Clemenceau prêchant « l’union sacrée » à l’aube
de la Première Guerre mondiale.
Cette musique du chaos serait un point marqué par Daech. Ses assassins veulent paralyser les peuples par l’effroi
et la panique, les contraindre à renoncer à leurs rêves, à leurs plaisirs, à leurs espoirs. À la démocratie.
Rien ne leur convient mieux qu’un climat de haine, de violence et de stigmatisation. Leurs actes veulent susciter
la division, le repli, le rejet des autres. Toute attitude qui, en France, y participe sert leurs desseins.
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