Source : http://www.osezlefeminisme.fr/
A l’initiative des militantes et militants d’Osez le féminisme,
des féministes – responsables syndicalistes, associatives et politiques –
appellent à manifester jeudi 24 juin prochain pour défendre nos retraites.
La réforme des retraites : un pas en arrière pour les femmes
La réforme des retraites, présentée mercredi par le gouvernement, se targue d’être une réforme juste, notamment en matière d’égalité femmes – hommes.
Rappelons la situation actuelle : les retraites des femmes sont inférieures de 38% à celles des hommes et plus de la moitié des retraitées touchent une pension inférieure à 900€. Ce décalage prend racine dans les inégalités professionnelles nombreuses qui se cumulent au long de la carrière : orientation sexuée, précarité, temps partiels subis, différences de salaires, manque de mesures compensatoires suffisantes ou encore inégalités dans les niveaux de responsabilité…. Pour répondre à cet écart et lutter contre le niveau de pension insuffisant des femmes, le gouvernement prévoit la prise en compte les indemnités journalières du congé maternité dans le calcul de la retraite. Mesure compensatoire juste mais qui ne concerne – en moyenne – que 16 ou 32 semaines… sur plus de 2000 semaines d’activité au total. Si le gouvernement affirme que cette mesure va permettre de rattraper le retard abyssal en matière d’égalité femmes – hommes, c’est soit qu’il refuse de voir la réalité en face, soit qu’il essaye de détourner l’attention.
Les propositions du gouvernement représentent un pas en arrière pour les femmes.
Celles-ci sont en effet aujourd’hui nombreuses (30% des salariées) à liquider leurs droits à la retraite à 65 ans faute de n’avoir pu rassembler avant le nombre de trimestres nécessaires pour toucher une pension à taux plein. Les hommes, moins touchés par les carrières en dent-de-scie, sont 5% dans ce cas. Or, le taux d’emploi des femmes de plus de 60 ans est très faible (4,3%). Elles sont donc nombreuses avant 65 ans à connaître une situation de chômage ou de précarité. En reculant l’âge légal de départ de 60 à 62 ans et l’âge de départ à taux plein de 65 à 67 ans le gouvernement choisit donc d’allonger cette période de précarité et s’en prend ainsi directement au niveau des pensions et aux conditions de vie des femmes.
La suppression du dispositif autorisant un départ anticipé pour les salariés fonctionnaires qui attestent de 15 ans de services et sont parents de 3 enfants touche également de plein fouet les femmes. Cette disposition garantit en effet à des milliers de femmes une retraite à taux plein malgré une carrière interrompue par les congés maternités ou parentaux.
Nous alertons le gouvernement : les mêmes causes vont produire les mêmes effets. La réforme qu’il propose s’inscrit dans la suite de celles de 1993 et 2003, qui ont eu comme conséquence non seulement une baisse générale du niveau des pensions mais également un accroissement des inégalités entre les femmes et les hommes.
Si l’objectif d’une réforme des retraites est de garantir à toutes et à tous un niveau de retraite décent et d’œuvrer pour l’égalité entre les femmes et les hommes, le gouvernement a choisi la mauvaise voie. Il est encore temps d’en changer et de prendre des mesures fortes pour à la fois faire de l’égalité professionnelle un horizon proche et revaloriser immédiatement les pensions des retraitées. C’est pour cette raison que nous serons présentes dans la rue le 24 juin prochain.
Maryse Dumas (CGT), Annick Coupé (Solidaires), Bernadette Groison (FSU), Marie-Georges Buffet (PCF), Cécile Duflot (Les Verts) Danielle Bousquet (PS), Martine Billard (PG), Arlette Zilberg (Verts), Anne Leclerc (NPA), Carine Favier (Présidente du Mouvement Français pour le Planning Familial), Maya Surdut (CNDF), Yves Roudy (ancienne ministre), Fatima Lalem (adjointe au Maire de Paris chargée de l’égalité femme/homme), Annie Sugier (Ligue Internationale du Droit des Femmes), Evelyne Rochedereux (CIBEL), Nicole Savey (Maison des femmes de Montreuil), ont signé l’appel parmi plus d’une cinquantaine de féministes
Pour soutenir l’appel des féministes, cliquez ici