7 juillet 2010 - Flora Beillouin
Évacuation violente du camp de Roms du Hanul
Les occupants du terrain du Hanul, installés depuis des années à Saint-Denis, ont eu confirmation de leur expulsion en voyant les pelleteuses débarquer en pleine nuit.
«Opération terminée ! » lance un policier, sourire en coin. Il est 6 h 30 au Hanul. Des cordons de CRS verrouillent les deux accès au camp, pendant que les familles évacuent à grand peine les derniers biens sauvés in extremis. Pour procéder à l’expulsion, les forces de l’ordre ont divisé arbitrairement les habitants en deux groupes, se postant au centre de la rue principale avant de les faire reculer pas à pas vers l’extérieur. Séparer les enfants de leurs parents dans un tel moment ne leur pose visiblement pas de problème. En revanche, bousculer les Roms d’un peu trop près, malgré l’épaisseur de leurs gants, semble parfois les gêner : certains s’essuient ostensiblement pour exprimer leur dégoût. Pieds nus sur le trottoir, une jeune femme en pleurs explique qu’ils l’ont empêchée de récupérer ses chaussures, en lui disant qu’elle n’avait qu’à « rentrer sur les mains ». Comme si cela ne suffisait pas, à la violence des actes s’ajoute celle du mépris.
Prévenus la veille au soir de l’imminence de l’intervention, les habitants n’ont pas fermé l’œil de la nuit, soutenus par une poignée de militants associatifs. Mais face aux pelleteuses, arrivées dès deux heures du matin, le renfort s’avère vite un peu maigre. Alors que faire ? Laisser les gamins, pour beaucoup nés ici, assister terrorisés à la destruction massive de leur habitat de fortune ? Roms et manifestants préfèrent s’éloigner dignement. Vers 8 heures, ils prennent possession du parvis de la mairie pour demander un relogement. Trois heures plus tard, une délégation est reçue.
L’entretien traîne en longueur mais déçoit. La mairie n’a aucune solution de relogement possible pour les familles expulsées. Et interpelle l’État, accusé de ne pas honorer ses engagements. « C’est à lui de régler le problème, indique Antoine Bussy, directeur de cabinet du maire, notamment en proposant des relogements équitablement répartis sur l’ensemble de la région. Si des villes comme Levallois-Perret acceptaient de jouer le jeu, on serait moins débordés… »
Un argument que refusent d’entendre pour le moment les représentants des associations La voix des Roms et Parada. Si la préfecture avait cherché, par cette expulsion, à monter les soutiens des Roms contre la mairie de Saint-Denis, elle ne s’y serait pas prise autrement. Et l’opération semble avoir porté ses fruits. Hier après-midi, sur le parvis de l’hôtel de ville chauffé à blanc, entre les cris d’enfants et l’épuisement des aînés, les principaux concernés commençaient à trouver le temps long.
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Paris Solidarité avec les Roms du Hanul !
Ce matin du 6 juillet plusieurs dizaines de policiers sont venus expulser le camp rom du Hanul à Saint-Denis. 20 minutes après leur arrivée, tous-tes les habitants-es, qui ont résisté, étaient dehors et les pelleteuses rentraient en action défonçant habitations et affaires. Cette technique couramment utilisée permet de réduire en quelques minutes des zones d’habitations en tas de gravats.
Ordonnée par le nouveau préfet du 93* fraîchement nommé cette opération policière revêt un caractère d’exemple : le Hanul était le plus ancien camp de Roms de la région, le plus connu, acquis de longue lutte. En clair, cela signifie que « le 93 ne tolérera plus aucun camp de Roms. » Cette expulsion n’est évidemment pas la première et ne sera pas la dernière. Depuis des années, les Roms en France mais aussi en Espagne ou en Italie doivent faire face aux expulsions de terrains comme Porte de Paris il y a quelques jours, aux rafles et aux expulsions collectives (appelées retours volontaires) vers la Bulgarie ou la Roumanie. Expulsions durant lesquelles travaillent main dans la main la police française et la police roumaine ou bulgare, et bien souvent aussi la Croix-Rouge qui sous couvert d’humanitaire collabore de fait avec les autorités.
L’opération de ce matin s’inscrit plus généralement dans une chasse aux pauvres et aux étrangers : rafles dans les quartiers populaires, ou dans les foyers, comme à Chevaleret (13e) la semaine dernière où la police a arrêté des vendeurs à la sauvette, rafles aux puces libres de Montreuil, harcèlement des biffins de Belleville…
RELOGEMENT DES HABITANTS DU HANUL !
LIBERTÉ DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !
Note
* Il s’agit de Christian Lambert, ancien directeur du Raid entre 2002 et 2004. Nommé par Nicolas Sarkozy, sa mission « est claire comme de l’eau de roche : produire aux yeux de l’électorat le spectacle du grand nettoyage. L’échéance de 2012 approche, la majorité n’est pas vaillante, le show du kärcher peut faire son petit effet » (source : Sébastien Thiery, docteur en science politique ; voir son témoignage sur : mediapart.fr/ )