(photo La Marseillaise)
Avocat au barreau de Marseille, il dénonce
les peines d’emprisonnement prononcées,
sans précédent depuis près de 70 ans.
Steve Doudet a défendu les salariés de Sodexo,
société de restauration des cantines scolaires,
devant le tribunal des prud’hommes de Marseille,
licenciés pour avoir exercé leur droit de grève.
La Marseillaise. Quel est votre première réaction quant aux peines prononcées contre les salariés de Goodyear ?
Steve Doudet. Ce sont des peines d’une très grande sévérité. Car elles sanctionnent d’emprisonnement
des salariés en lutte, un fait qui n’a eu de précédent qu’en 1948 lors des grandes grèves de mineurs.
Des travailleurs réhabilités par la République cinquante années plus tard. Je conteste en premier lieu les sanctions
à l’encontre des salariés de Goodyear d’un strict point de vue juridique : l’article 132-24 du code pénal
demandant aux magistrats de bien prendre la mesure des circonstances de l’infraction et de la personnalité
de ses auteurs. Or, nous sommes bien dans un cas d’expression d’une détresse sociale, sans préméditation
de la part des salariés condamnés. Cela n’a pas été pris en compte, pas plus que le fait qu’il s’agit de personnes
sans casier judiciaire, qui ne demandent qu’à travailler pour pouvoir vivre. A cela il faut encore ajouter que,
dans ce cas, il n’y a pas de victimes, les cadres de Goodyear ayant retiré leur plainte. Force est de constater
que cette décision appartient au procureur de la République qui est là pour faire appliquer les décisions de l’État.
Et il est à déplorer que le tribunal ait suivi les décisions du Parquet.
La Marseillaise. Il y aurait donc une volonté politique clairement affichée…
Steve Doudet. Il est impossible de dissocier cet événement de la politique actuelle du gouvernement qui va
à l’encontre des intérêts et des droits des salariés. Avez- vous déjà entendu le Premier Ministre condamner
la délinquance en col blanc ? Les projets de réforme du code du Travail témoignent du mépris des engagements
présidentiels de 2012. La suppression des peines d’emprisonnement pour délits d’entrave aux droits des salariés
de la part des employeurs n’est qu’un exemple de cette volonté politique, de choix clairement assumés
par ce gouvernement.
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