Troubles de la mémoire
Posté par communistefeigniesunblogfr le 27 mai 2015
Tribune de Jean Casanova
humanite.fr – 27 mai 2015
Troubles de la mémoire
Je suis reçu aujourd’hui au siège du Haut Comité
des Célébrations Nationales, hébergé au Service
des Archives de France, par Pierre Vora,
son Président. Il a bien voulu accepter de répondre
aux interrogations, elles sont nombreuses,
relayées à la lecture des revues de presse,
celles de journalistes ou de blogueurs anonymes,
interrogations touchant au 27 Mai décrété Journée Nationale de la Résistance.
Extrait de l’entretien :
Diriez-vous qu’à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire de la création du Conseil National
de la Résistance, père fondateur de l’État Social à la française, et nous comprenons tous
l’importance de cette commémoration, diriez-vous que le choix, pour leur entrée au Panthéon,
de ces 4 héros de la Résistance (Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillon
et Geneviève Anthonioz-De Gaulle), geste mémoriel, pose un problème historique ?
Le nom du monument Panthéon vient du grec pantheion qui signifie « de tous les dieux ». Prévu à l’origine,
au XVIIIe siècle, pour être une église qui abriterait la châsse de Sainte- Geneviève, ce monument a maintenant
vocation à honorer les grands personnages ayant marqué l’histoire de France. Y sont notamment inhumés
Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Sadi Carnot, Émile Zola, Jean-Jaurès, Jean Moulin,
Pierre et Marie Curie, André Malraux et Alexandre Dumas.
Dans votre énoncé, il y a deux questions. La première est celle de la qualification pour un Homme, un seul
quels que soient ses mérites, du droit à exercer un tel choix. C’est déjà un problème. Certes, il ne les a pas
tirés de son chapeau. Il y a eu en aval un travail historien de sélection et la liste proposée par le Comité
en charge de cette sélection comportait 10 noms, tous aussi méritants. Mais la décision en dernier ressort
d’un seul est un problème.
La deuxième question porte sur la sincérité
du choix. Les 4 noms retenus sont
d’authentiques figures aptes à symboliser
la Résistance. Mais pourquoi 4 et non 6 ou 8 ?
Et même 10, mais ne prêtons pas le flanc
à l’hypocrite rétorsion : et pourquoi pas 100 ?
Nos 4 héros sont incontestables. Je ne veux
cependant pas éluder votre question,
celles du journal L’Humanité et de ce poète
blogueur. Et c’est là que ressurgit l’épineux problème de la Mémoire.
La Mémoire est sélective, elle est donc politique, et l’absence parmi nos panthéonisés de Marie-Claude
Vaillant-Couturier et de Missak Manouchian, bien que recommandés par le Comité, doit être analysée et interprétée
comme le refus d’installer la famille communiste aux côtés des familles gaulliste et socialiste dans la grande geste
héroïque de la Résistance.
[…]
La signification de cette éviction est évidemment très lourde. Elle est porteuse de fracture dans l’identité
nationale, et c’est un paradoxe douloureux en cette journée anniversaire de la création du CNR.
[Article complet sur humanite.fr]
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.