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L’Édito de l’Humanité : « Ce travail qui tue »

Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 avril 2015

 

L’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin

 

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“Ceux qui se suicident au travail ne sont que

très rarement des dépressifs ou des mélancoliques,

mais plutôt ceux qui aiment leur travail

et se dévouent sans compter… »

Le suicide, disait Victor Hugo, est une « mystérieuse voie

de fait sur l’inconnu » . Parfois ce mystère – appelons-le

« les racines du mal » – se trouve là sous nos yeux,

identifiable et identifié, prêt à ruiner les êtres les plus solides.

Répétons-le : ceux qui se suicident au travail ne sont

que très rarement des dépressifs ou des mélancoliques,

mais plutôt ceux qui aiment leur travail et se dévouent

sans compter.

 

 

Les salariés d’Orange, ex-France Télécom, en savent quelque chose. Un rapport accablant de l’inspection

du travail révèle à quel point les pratiques managériales sont à la source, aujourd’hui encore, de la détresse

extrême des salariés. Après les vagues de suicides des années 2000, les dirigeants actuels avaient affirmé,

la main sur le cœur, que tout avait changé. Il n’en est rien. Travailler tue encore chez Orange :

21 suicides en 2014, déjà 6 en 2015…

Idée insupportable, celle que le suicide puisse devenir un acte ultime de renoncement, parfois de résistance.

Faut-il s’étonner que des entreprises comme Orange soient concernées ? Celles dont les missions de service

public s’incarnaient jadis dans leurs salariés, eux-mêmes fiers et heureux de participer à ce bien commun

que la République exalte tant.

 

CaptureRG

Orange, ce fleuron que le monde entier nous

enviait, a connu toutes les dérives des nouveaux

modes de gestion par le stress, la rentabilité,

les mobilités forcées, les objectifs irréalisables,

les restructurations, les changements de métiers,

la détérioration des rapports entre salariés

visant à briser tout esprit de corps.

Les remaniements de l’identité exigés, relevant de

l’injonction à trahir les règles de l’art puis l’éthique

personnelle, ont conduit les salariés,

consciemment ou non, à se trahir eux-mêmes

pour satisfaire les exigences. Ces organisations du travail ont détruit le collectif et la coopération,

la solidarité et le vivre-ensemble, laissant place à la solitude de chacun, la peur.

Et le désespoir absolu.

Travailler : est-ce seulement produire de la richesse pour des actionnaires invisibles, sans horizon

d’épanouissement ni possibilité de se transformer soi-même, au service des autres ?

 

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