Sénat
Projet de Loi Macron :
INTERVENTION GÉNÉRALE
par Pierre LAURENT
« Croissance et Activité »
(extraits)
« Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collèges,
Le projet de loi « croissance et activité », autrement appelé loi Macron, dont nous entamons la discussion
aujourd’hui au Sénat n’aurait jamais dû parvenir jusqu’à nous. Privé de majorité à gauche à l’Assemblée
nationale, il n’a du son salut qu’au coup de force du Premier Ministre à l’Assemblée et à la décision d’utilisation
du 49-3. C’est donc un texte démocratiquement entaché dont nous poursuivons la lecture.
Depuis ce scandaleux épisode bafouant la souveraineté parlementaire, la politique de votre gouvernement
a une nouvelle fois conduit à une lourde défaite électorale après celle des municipales, des européennes
et des sénatoriales.
Nier le lien direct entre le contenu de votre loi, de votre politique en général, de la violence de vos pratiques,
et ces débâcles électorales, relève soit de l’aveuglement idéologique, soit d’un choix assumé
et malheureusement je le crois, les deux à la fois.
M. Macron, le Premier Ministre ne peut pas d’un côté regretter la forte abstention à gauche,
le décrochage populaire des électeurs de 2012 et de l’autre continuer à appliquer à la ligne
les recommandations du fascicule du « parfait petit libéral », sans aucun résultat dans la lutte
contre le chômage et l’amélioration de la vie quotidienne des Français. C’est totalement contradictoire.
Les Français ne cessent de vous dire clairement qu’ils souffrent de cette politique, à chaque occasion
qui leur est donnée. Vous devriez les écouter au lieu d’enfoncer le pays dans cette dangereuse impasse.
Au lendemain des élections départementales, vous avez montré dans quelle considération vous teniez l’expression
démocratique des Français. Dès le lendemain du second tour, vous avez lancé une petite phrase dont vous avez
le secret en annonçant pour l’été prochain un second volet de votre dispositif de dérégulation de la société
française, un Macron II en quelque sorte.
Devant le tohu-bohu déclenché au sein même du Parti socialiste, le Premier ministre a repoussé cette annonce,
mais nous savons qu’avant même l’adoption définitive de ce Macron I par un Parlement contraint
et forcé, vous pensez déjà à la seconde étape qui vise en particulier une déstructuration
sans précédent du code du travail notamment dans les PME.
[...]
Le troisième pilier de votre loi intitulé « TRAVAILLER » apporte quant à lui de nombreuses
satisfactions au MEDEF qui évidemment demande encore plus maintenant. Vous transcrivez, dans la loi,
vos propos tenus devant des patrons américains à Las Vegas « Les entreprises pourront contourner des règles
du travail rigides et négocier directement avec les employeurs ».
Je ne détaillerai pas la liste des mauvais coups contre le monde du travail, elle est trop longue pour le temps
qui m’est imparti.
Vous banalisez le travail le dimanche, vous le généralisez, vous le déverrouillez. Vous assenez
vos poncifs libéraux :
« Le travail du dimanche c’est plus de liberté et la liberté c’est une valeur de gauche ». Mais où est la liberté
des salariés quand le travail le dimanche devient l’arme du chantage à l’emploi. Ce sont les salariés,
les familles modestes qui vont souffrir de cette disposition. Nous le vous démontrerons. Le travail du dimanche,
ce n’est pas plus d’emploi. Ce que les Français achètent le dimanche, ils l’achèteraient un autre jour. Il n’y a
pas plus de consommation à la clef, car le budget des familles est le même. Nous sommes en plein dogmatisme.
Plus de dérèglementations, la valeur consommation portée au pinacle. C’est sans doute votre monde idéal.
D’ailleurs quitte à étendre le travail du dimanche, on peut généraliser le travail de nuit,
c’est ce que vous faites bien sûr.
[Lire l’intervention sur PCF.fr]