Où va la gauche ?
Les « socialistes affligés » veulent reconstruire la gauche
en rose, rouge et vert
par Agnès Rousseaux 5 décembre 2014
Le Parti socialiste a-t-il encore un avenir ?
François Hollande « impose sans débat
à toute la gauche un putsch idéologique »
en voulant administrer un « choc de
compétitivité » au pays.
Manuel Valls joue les « pyromanes » en versant de l’huile sur le feu, et « l’incendie dévaste
désormais toute la gauche ». Tels sont les constats posés par Liêm Hoang Ngoc, économiste
et animateur du collectif des « Socialistes affligés ». Mais « il ne faut pas se détourner
de la gauche au motif qu’un gouvernement qui s’en réclame l’incarne si mal », affirme
l’ancien député européen PS. Car « il existe une majorité rose-rouge-verte prête à soutenir
un changement de cap ». Entretien.
Basta ! : Vous venez de publier, avec Philippe Marlière, l’ouvrage La gauche ne doit pas mourir !,
dans lequel vous analysez le virage à droite du gouvernement et l’échec des politiques menées,
ainsi que les tensions qui traversent la gauche. Le Parti socialiste va-t-il survivre à ce quinquennat ?
Liêm Hoang Ngoc [1] : Sans changement de cap d’ici 2017, la gauche risque de ne pas être au deuxième
tour de l’élection présidentielle. Un congrès du Parti socialiste a lieu en juin 2015. La bataille va être menée
par la gauche du parti, qui s’est réunie samedi dernier. « Vive la gauche » fédère toutes les composantes
de l’aile gauche du PS, allant même jusqu’aux aubryistes [2].
Allons-nous réussir à former un gros môle pour peser sur la ligne du parti ? Tout dépend de Martine Aubry.
Est-ce qu’elle va entrer en sécession pour fédérer la gauche du parti ? Ou bien y aura-t-il des motions
éclatées, ce qu’a toujours cherché à susciter la direction du parti, pour évider une forte opposition ?
Martine Aubry a toujours cultivé l’ambiguïté. Le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis,
cherche à l’inclure dans une grande motion allant jusqu’aux vallsistes, pour préparer un éventuel changement
de Premier ministre mais sans véritable changement de cap.
Vous avez organisé le 19 novembre une rencontre avec les autres forces de gauche – EELV,
Parti de gauche et Parti communiste – à laquelle ont participé notamment Jean-Luc Mélenchon,
Martine Billard, Pierre Laurent… Qu’en est-il ressorti ? Qu’attendez-vous de ces échanges ?
Que faisons-nous si nous perdons le congrès, s’il n’y a pas de changement de cap ? Si l’aile gauche échoue
à infléchir la ligne du PS et du gouvernement, la question se posera très vite de savoir si elle continue
à servir de caution en 2017 à un candidat qui sera comptable du bilan du gouvernement, donc du virage
à droite de la gauche au pouvoir.
[Lire la suite sur Basta !]