La lettre d’une Kurde assassinée par l’armée d’Erdogan
Ce lundi dans l’Humanité, la lettre de Kader Ortakaya, une jeune combattante kurde
près de Kobané, assassinée par l’armée turque.
Suruç (frontière turco-syrienne), envoyé spécial.
Elle avait vingt-huit ans. Elle s’appelait Kader
Ortakaya. Elle rêvait d’un monde de paix,
de liberté, de justice sociale. Kurde de Turquie,
elle n’a jamais accepté l’injustice faite
à son peuple, la répression policière,
les arrestations, les tortures.
Jeune femme engagée, elle se démenait sans compter pour soutenir la résistance de Kobané face
aux obscurantistes, aux barbares de l’organisation de l’« État islamique ». Depuis près d’un mois,
avec d’autres membres de son mouvement, le Parti de l’initiative pour la liberté sociale (TÖPG),
elle se trouvait dans le village de Mahser, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, à une portée
de pierres de Kobané. Une veille active qui visait à empêcher toute tentative de passage des éléments
de l’« État islamique » dans cette zone et à développer la solidarité avec ses sœurs et ses frères kurdes
de l’autre côté de cette ligne de partage tracée par les colonisateurs français et britanniques
il y a un siècle et qui a divisé les populations. Jeudi, sa vie s’est arrêtée. Avec un groupe de jeunes
elle a tenté de franchir pacifiquement cette frontière. L’armée turque, qui n’a pas un geste pour arrêter
l’afflux de djihadistes, a ouvert le feu. Ortakaya est tombée, le crâne transpercé par une balle
alors que son regard était tourné vers Kobané.
La dernière lettre de Kader Ortakaya
Quelques semaines avant d’être abattue par les gendarmes d’Erdogan, Kader Ortakaya, vingt-huit ans,
avait écrit une lettre poignante à ses parents expliquant les enjeux de son engagement.
« Ma chère famille, Je suis à Kobané. Cette guerre n’est pas seulement la guerre du peuple
de Kobané mais une guerre qui nous concerne tous. Je rejoins ce combat pour ma famille
bien-aimée et pour l’humanité. Si nous ne saisissons pas aujourd’hui que cette guerre est
aussi la nôtre, alors, demain, nous serons seuls quand les bombes frapperont nos maisons.
Gagner cette guerre signifie la victoire des pauvres et des exploités. »
Lire l’intégralité de la lettre de Kader Ortakaya dans l’Humanité lundi 10 novembre 2014