L’Édito de l’Humanité : « Le gouvernement des patrons »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 28 août 2014
Le gouvernement des patrons
Éditorial par Patrick Apel-Muller
Manuel Valls s’est précipité à Jouy-en-Josas,
préférant la grande messe patronale
aux cérémonies du 70e anniversaire de la libération
de Paris qu’il a snobées lundi.
Il installe ainsi son équipe sous le signe
du gouvernement des patrons,
le jour même où les statistiques du chômage
marquent une nouvelle dégradation.
Applaudi debout par le patronat le plus réactionnaire, le plus virulent, Manuel Valls, après avoir
nommé le financier Emmanuel Macron à l’économie, a communié avec Pierre Gattaz lors de l’université
du Medef. Comme si le pacte de responsabilité et le CICE ne suffisaient pas, le premier ministre a apporté
dans sa hotte la suppression des seuils sociaux afin de diminuer les droits, notamment syndicaux,
des salariés dans les entreprises, l’autorisation du travail du dimanche et, plus que tout, un dogme
qui balaie toute l’histoire du socialisme en France : ce qui est bon pour les patrons est bon
pour le pays.
« Il est absurde de parler de cadeaux faits aux patrons, ce langage n’a aucun sens », puisque ce qui leur
est donné profite à tous, feint-il de croire. Donc, pas un mot des somptueux dividendes – 30,3 % de plus –
que les grandes entreprises se sont versés l’an passé, bien plus que leurs homologues des autres pays
européens !
À peine le Conseil des ministres terminé hier matin, Manuel Valls s’était précipité à Jouy-en-Josas,
préférant la grande messe patronale aux cérémonies du 70e anniversaire de la libération de Paris
qu’il avait snobées lundi. Un symbole spectaculaire : il lui fallait faire immédiatement allégeance aux puissants
oligarques. Il installe ainsi son équipe sous le signe du gouvernement des patrons, le jour même
où les statistiques du chômage marquent une nouvelle dégradation, et alors que l’été a prouvé
combien les ménages sont contraints de se serrer la ceinture. Ce n’est pas à eux que François Hollande
destine la vie en rose, on l’a compris.
Le tandem au pouvoir a-t-il les moyens d’imposer durablement à notre peuple ce tête-à-queue libéral ?
Rien n’est moins sûr. Au sein même de la majorité, des voix grondent. Les électeurs de gauche,
les progressistes, ceux qui ont déserté les urnes n’ont pas abandonné leurs aspirations au progrès social
et à la justice pour emprunter « la porte à droite » que dénonçait Jean Ferrat.
La Fête de l’Humanité sera dans quinze jours le grand forum où ils pourront puiser des forces
et échanger des idées.
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