Être fidèle à Jean Jaurès
Posté par communistefeigniesunblogfr le 31 juillet 2014
Être fidèle à Jean Jaurès
Par Patrick le Hyaric, directeur de l’Humanité :
« dans son éditorial fondateur de l’Humanité ,
Jaurès exposait une conception neuve
de la presse, faisant du peuple, de ses combats
et de ses espoirs, de sa soif de connaissances
et de culture, le cœur du journal. Aujourd’hui
encore nous voulons relever ce redoutable défi
de « donner à toutes les intelligences libres
les moyens de comprendre et de juger
par elles-mêmes les événements du monde » ».
En ce centième anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès, « ce héros mort au-devant des armées »,
une longue procession de personnalités, habituées à le citer à la fin des banquets, de récupérateurs,
de manipulateurs de sa pensée, se déploie dans la grande sphère médiatique, bien loin des idéaux
du fondateur de l’Humanité et député du Tarn. Beaucoup font semblant de le pleurer pour mieux
continuer à encenser Clemenceau tout en se retrouvant le plus souvent du côté des fauteurs
de guerres aux quatre coins du monde. Jaurès, lui, jusqu’à son dernier souffle, aura tout fait pour éviter
le déclenchement de cette boucherie qu’a constituée la Première Guerre mondiale. Il n’aura cessé
de montrer qu’elle n’était motivée que par des volontés de domination impérialiste, l’appât de gains
financiers et la conquête de territoires.
Ceux qui, au sommet de l’État, ont eu cette idée saugrenue d’honorer en un seul jour
tous les morts pour la France nourrissent toutes les confusions. Comment, en effet, commémorer
dans le même élan le sanglant et absurde carnage de 1914 et le conflit où les démocrates durent
à la fin des années 1930 affronter « la bête immonde » du nazisme ?
À tout confondre, on brouille sciemment les repères, on perd la France et on égare nos concitoyens.
Les mêmes dirigeants français qui, au gré des fades alternances, ont accepté l’affiliation de l’Union
européenne à l’OTAN et rétabli notre pays dans le commandement intégré de cette machine de guerre,
qui ont poussé à des aventures militaires hasardeuses, n’ont tenu aucun compte de ce fulgurant message
de Jaurès lancé à la face du monde : « Donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise
pleine de chances mauvaises. En la donnant, on la retire. »
Et que dire de cette attitude présidentielle qui tourne le dos au meilleur de l’action de la France
quand elle transforme l’occupation militaire israélienne et la colonisation en un banal « conflit de voisinage »,
qui établit une aberrante symétrie entre Israéliens et Palestiniens, cachant cette donnée fondamentale :
il y a là-bas un colonisateur et une population qui subit la violence de la colonisation. La France de Jaurès
agirait avec énergie à partir des résolutions des Nations unies pour faire taire d’urgence le fracas
des bombes qui tuent dans leur lit et dans les écoles les enfants palestiniens.
Au-delà, la France de Jaurès travaillerait sans relâche à la réunion d’une conférence internationale
pour la justice et la paix au Proche-Orient, pour placer le peuple Palestinien sous protection internationale
et pour permettre l’existence de deux États ; un pour les Palestiniens dans les frontières de 1967
avec Jérusalem-Est comme capitale, l’autre pour les Israéliens leur garantissant le droit légitime à la sécurité.
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