Réforme ferroviaire : les raisons d’une grève massive
Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 juin 2014
Réforme ferroviaire : les raisons d’une grève massive
Marion d’Allard - humanite.fr – 6juin 2014
Sixième jour de grève pour les cheminots
contre le projet de réforme ferroviaire.
Le texte doit être présenté demain à l’Assemblée.
La CGT et SUD rail appellent à amplifier le mouvement.
Frédéric Cuvillier voulait croire à une « sortie de crise » jeudi soir, à l’issue de sa rencontre avec les syndicats
de cheminots. Les maigres engagements pris par le secrétaire d’État aux Transports ne suffiront pas.
« Pour la première fois, lors de notre rencontre avec Frédéric Cuvillier, la question du financement du système
a été évoquée », relevait, vendredi soir, Gilbert Garrel, secrétaire général de la CGT des cheminots.
Mais évoquer n’est pas régler. Pour le reste, le secrétaire d’État a mis sur la table certaines propositions pouvant
faire l’objet d’amendements lors du vote du projet de loi que le gouvernement continue de vouloir présenter
demain à l’Assemblée nationale.
Des propositions « qui comportent de nombreuses failles », résument la CGT et SUD rail qui ont appelé
les cheminots « à poursuivre et à amplifier le mouvement ». « Le gouvernement affirme que les réponses apportées
dans ce texte proposé à la signature sont de nature à répondre aux légitimes préoccupations des usagers
et des cheminots. (…) il est évident que ce ne sont pas des engagements de Monsieur Cuvillier sur des amendements
soumis à une validation éventuelle des parlementaires qui peuvent permettre de mettre un terme à ce conflit »,
écrivent Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, et Gilbert Garrel, dans une adresse à François Hollande.
Gouvernement et direction de la SNCF ont beau communiquer à l’envi sur une réforme permettant la « réunification »
d’un système éclaté depuis 1997 et la création de RFF, en mettant en place deux établissements publics (Épic)
chapeautés par un troisième dit « Épic de tête », le projet de loi propose, de fait, de réunifier deux entreprises
en en créant trois.
« Le gestionnaire du réseau (RFF – NDLR) et le transporteur (SNCF – NDLR) seraient deux entreprises distinctes
avec chacune leur propre conseil d’administration, des contrats distincts avec l’État et une production séparée
qui ne permettra pas d’assurer un transport ferroviaire de qualité tout en réalisant les travaux utiles sur les voies »,
rappelle la CGT.
Par ailleurs, le projet de loi n’aborde pas la question du désendettement du système ferroviaire lesté de plus de
40 milliards d’euros de dette en grande partie contractée par l’État lors du développement des lignes à grande
vitesse dans les années 1980, se bornant à en « stabiliser » le montant. Une question du financement pourtant
primordiale en ce qu’elle conditionne le volet social de cette réforme.
En grève reconductible depuis six jours, les cheminots se battent aussi pour ne pas devenir la variable
d’ajustement d’un système à l’asphyxie.
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Extrait de l’entretien accordé par Marnix Dressen, spécialiste des conditions de travail
des agents du rail, à Médiapart
« En fait, derrière toutes ces polémiques, se joue bien autre chose : ce que beaucoup reprochent
aux grévistes de la SNCF, c’est de résister, de ne pas se laisser plumer et ravaler au niveau
de leurs camarades cheminots des sociétés ferroviaires privées comme Euro Cargo Rail,
premier concurrent de la SNCF dans le fret ferroviaire.
Toutes ces querelles faites aux cheminots évoquent le passé. De tous côtés, même Nicolas Sarkozy
ne s’en était pas privé, on célèbre, un siècle après sa mort, le grand homme qu’a été Jean Jaurès.
Eh bien écoutons-le affronter Clemenceau le 13 mars 1906, et on percevra peut-être mieux les luttes
des cheminots, même si Jaurès ne pensait pas particulièrement à eux.
« Ces hommes donc, quand ils luttent sont des forces de civilisation.
Et ce qu’il y a de beau chez eux, ce qu’il y a de grand, et d’admirable,
c’est qu’ils ne luttent pas que pour eux-mêmes, c’est qu’ils luttent
pour tous leurs camarades, pour toute leur classe, c’est souvent
qu’ils luttent, qu’ils continuent le combat, sentant bien qu’eux-mêmes
vont être vaincus mais sachant aussi qu’ils préparent pour des efforts
nouveaux et pour des générations nouvelles, des conditions d’existence
meilleures. » »
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