L’Édito de l’Huma : Ceux qui détruisent la gauche
Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 juin 2014
Ceux qui détruisent la gauche
Par Patrick Apel-Muller - humanite.fr - 16 juin 2014
Dans un alignement de caserne, la presse contrôlée
par les grands groupes industriels et financiers a repris
mot à mot les éléments de langage du pouvoir.
« Il faut savoir arrêter une grève ».
« La gauche peut mourir », a lancé Manuel Valls.
Comment ne pas en faire le constat quand, malgré le cri de détresse
et de colère de l’électorat de gauche, un président de la République
et son premier ministre s’acharnent à en détruire les valeurs,
à en brouiller les repères, à la dévitaliser ?
Élues la rose au poing, les deux têtes de l’exécutif en ont arraché les pétales pour finir
sur un « pas du tout » destiné aux milieux populaires et sur un « à la folie » susurré au Medef.
Pendant que l’hôte de Matignon tentait de faire peur aux élus socialistes qui rechignent afin qu’ils taisent
leurs indignations, la droite accourait au secours du gouvernement contre les grévistes ! Xavier Bertrand
appelait à la « fermeté » contre une « grève totalement indécente » et des cheminots
« jusqu’au-boutistes ». Hervé Mariton, un autre des nombreux prétendants à la présidence de l’UMP,
incitait sa formation à avoir « une attitude responsable », à « essayer de faire en sorte que
le gouvernement s’en sorte » en laissant « passer ce texte » au Parlement. Comment, en effet, la droite
pourrait-elle refuser que sa politique soit appliquée ?
Dans un alignement de caserne, la presse contrôlée par les grands groupes industriels
et financiers a repris mot à mot les éléments de langage du pouvoir. « Il faut savoir arrêter une
grève »¹, titre en éditorial le Monde, décalquant l’injonction présidentielle. À sa suite et avec une imagination
de photocopieuse, les grands médias reprennent les clichés sur « la journée noire » et le « refus de la réforme »…
Mais au contraire, les cheminots ont bien une réforme dans leur manche, audacieuse celle-là, défaisant
la dette qui plombe le système ferroviaire, rétablissant l’unité du service public sans laquelle il devient inefficace !
Mais cela, il faut le cacher aux citoyens, rien n’étant plus dangereux, semble-t-il, que la souveraineté populaire.
C’est pourtant là, dans le coude à coude des luttes, dans les échanges qui éclosent dans la gauche fière
de l’être, dans la construction d’alternatives au libéralisme que l’espoir germera. Pour que la gauche
et notre peuple aient de beaux jours devant eux.
¹ Dans leur plagiat, ils oublient, ou font semblant d’oublier, la suite de cette citation.
Voici la déclaration de Maurice Thorez dans son intégralité :
«Si le but est d’obtenir satisfaction pour les revendications de caractère économique,
tout en élevant progressivement le mouvement des masses dans sa conscience et son organisation,
alors il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue.
Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été
acceptées, mais si l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles et les plus importantes
des revendications.» (11 juin 1936) (source)
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