L’onde de choc de l’austérité
L’Éditorial de Patrick Apel-Muller
« Les résultats estimés par les instituts de sondage
confirment la violence de la crise politique
qui secoue le pays. ».
Les résultats estimés à 20 heures par les instituts de sondage
confirment la violence de la crise politique qui secoue le pays.
Les formations représentées au gouvernement recueilleraient
moins de 15 % des voix, le Front national atteindrait le quart
des suffrages, le meilleur score jamais recueilli,
l’UMP plafonnerait autour de 20 %.
Le mécontentement devant la politique suivie par Nicolas Sarkozy puis par François Hollande ne profite pas
au Front de gauche, qui maintient ses positions, alors que dans d’autres pays d’Europe,
en Grèce en premier lieu mais aussi aux Pays-Bas et en Irlande, les forces de la Gauche unitaire européenne (GUE)
marquent des points. Quant à l’extrême gauche, elle reflue. Les Verts perdent du terrain mais réuniraient près de 9 %.
L’abstention est légèrement moindre que redoutée mais elle concerne presque six électeurs sur dix,
qui ont l’impression que leur voix ne comptera pas et ne sera pas entendue par l’aréopage autoritaire qui domine
l’Europe. C’est d’ailleurs ce sur quoi parient les milieux dirigeants : une démobilisation des citoyens
qui leur laisse les mains libres ou un égarement dans les impasses de l’extrême droite qui se servira des colères
pour diviser ceux qui les éprouvent et les retourner contre eux.
Les dégâts semés par une politique d’austérité qui renie toute référence aux valeurs
de gauche sont à nouveau mesurés après les municipales. La sanction est sans appel ; elle peut prendre
des formes encore plus inquiétantes demain si, comme il l’a proclamé à la veille du scrutin, Manuel Valls ne change rien
à sa politique, quand bien même, constatait-il hier, vivons-nous « un moment grave ».
La constitution d’une alternative à gauche réunissant les forces du Front de gauche, les socialistes mécontents,
les démocrates, les syndicalistes devient un impératif et une urgence.
Rassembler ceux qui veulent mettre au pas la finance et ouvrir une nouvelle ère de progrès social
et démocratique, puiser des forces dans des luttes coude à coude, rassembler passionnément,
c’est l’immense chantier qu’il ne faut pas différer.