L’austérité étouffe la croissance
Posté par communistefeigniesunblogfr le 16 mai 2014
CONJONCTURE
L’austérité étouffe la croissance
Kevin Boucaud – 16 mai 2014
Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement :
la croissance n’a pas frémi d’un iota au cours du premier
trimestre. Celui-ci ne semble pourtant pas vouloir infléchir
sa politique d’austérité, qui s’avère désastreuse.
«Les élections en général, ce n’est jamais un bon moment
pour la consommation, la cohésion nationale, le développement »,
tels sont les arguments avancés par François Rebsamen, ministre
du Travail, juste après l’annonce par l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee)
d’une croissance nulle au premier trimestre. Après une légère hausse (+ 0,2 %), en fin d’année 2013,
et attendue à 0,1 %, l’activité économique a finalement tourné dans le vide.
« Un taux de croissance aussi nul que la politique du gouvernement », a ironisé Éric Coquerel, secrétaire national
du Parti de gauche (PG). Le gouvernement a cependant relativisé sa contre-performance : « Avec 0 %, on ne crée pas
d’emplois, on n’en perd pas forcément mais on n’en crée pas », a tout même tenté le ministre du Travail. Le souci étant
que, non seulement l’économie française n’a pas créé d’emplois au cours des trois premiers mois de l’année,
mais elle en a bel et bien détruit (environ 40 000 chômeurs de plus sur la seule catégorie A).
Il a également affirmé qu’une croissance de 1 % pour 2014 était « raisonnable ». Un avis que ne partage pas
Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis, pour qui cet objectif même « paraît difficilement inatteignable ».
Il estime que « la France va entrer dans une phase de forte réduction des dépenses et on observe un début
d’ajustement salarial, ce qui va jouer négativement sur la demande ».
De son côté, le ministre des Finances et des Comptes publics Michel Sapin a déclaré que « ce n’est pas grave mais cela
conforte toute la politique que nous menons aujourd’hui ». Une déclaration curieuse, quand tout désigne l’orientation
gouvernementale comme principal coupable.
Tandis que le président François Hollande défend fièrement une politique de l’offre, c’est bel et bien la demande
qui rechute (– 0,5 %). Un paradoxe qui n’en est pas un, puisque pendant que le gouvernement s’échine à offrir
des cadeaux fiscaux au patronat – de l’ordre de 40 milliards d’euros pour le futur pacte de responsabilité et de solidarité –,
dans le but de regagner en « compétitivité », il fait peser tout le poids de l’austérité sur les ménages. En effet, la hausse
de la TVA, entrée en vigueur en janvier, plombe le pouvoir d’achat des Français, à commencer par celui des plus
modestes. C’est ce qu’analyse très bien l’économiste et directeur adjoint au département analyses et prévisions
de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Éric Heyer, dans Libération :
« On fait porter tout l’effort sur les ménages et donc, fatalement, la croissance s’écroule. À partir du moment où on touche
au pouvoir d’achat, il était faux de penser que ça n’allait pas altérer les habitudes de consommation des ménages. »
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