Les femmes premières victimes de l’austérité
Posté par communistefeigniesunblogfr le 5 mars 2014
L’éditorial : « Ce que femme vit »
Éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin.
« Ce qui dévaste tout depuis quelques années
porte un nom, l’austérité. Un poison qui mine
tout le corps social et dont les femmes sont
les principales victimes. Chômage, précarité
à l’embauche, multiplication des formes « atypiques »
d’emploi, pauvreté, inégalités salariales, etc. »
Phares et balises semblent parfois manquer si
cruellement au citoyen moderne parcourant la société
en solitaire qu’il finit par ne plus voir ce qu’il a sous les yeux,
ou alors sans références ni repères, comme une faute
irrémissible.
Le citoyen en question devrait néanmoins se poser une question simple : comment doit-on nommer un moment
de l’histoire d’un pays où le sort des femmes, après avoir lentement mais réellement progressé durant
des décennies, subit une forte stagnation pour ne pas dire plus ? La réponse s’impose : nous vivons un moment
de régression, d’involution même, et devoir écrire ces mots donne autant le vertige qu’un goût de révolte.
Une statistique, qui n’est toutefois que la partie visible
de l’iceberg, continue de nous hanter. Au travail, les femmes sont
toujours victimes d’un « plafond de verre », pour reprendre la novlangue
habituelle, et gagnent en moyenne 25 % de moins que les hommes.
« De quoi souffres-tu ? » demandait René Char, avant d’assigner
le monde : « De l’irréel intact dans le réel dévasté. »
Et ce qui dévaste tout depuis quelques années porte un nom, l’austérité. Un poison qui mine tout le corps social
et dont les femmes sont les principales victimes. Chômage, précarité à l’embauche, multiplication des formes
« atypiques » d’emploi, pauvreté, inégalités salariales, etc.
Selon un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese), « l’essentiel de la hausse de l’emploi
des femmes » durant les trente dernières années « est dû à celle de l’emploi à temps partiel ». Les chiffres expriment
la vraie vie et les difficultés qui en découlent : plus de 30 % des femmes salariées travaillent à temps partiel,
seuls 6 % des hommes sont dans cette situation. Entre 1980 et 2010, la part des femmes qui travaillent à temps
partiel a doublé, passant de 15 % à plus de 30 % !
Les politiques d’austérité généralisée, qui,
dans toute l’Europe, consistent à atomiser les « conquis »
sociaux, les services publics et les systèmes de protection
sociale de la santé ou de la petite enfance, ne visent
qu’au morcellement du marché du travail, adaptable à l’économie
libérale, jusqu’à transformer l’emploi et les salaires en variable
d’ajustement. Le but ? Une main-d’œuvre corvéable et soumise.
Peu importe s’il s’agit de femmes, déjà frappées de toutes les inégalités.
Car au foyer ce n’est pas mieux !
Malgré l’arrivée massive des femmes
au travail à partir des années 1960,
synonyme d’émancipation, le partage
des tâches domestiques, assumées
à 80 % par les femmes, reste totalement
inégalitaire au sein du couple.
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