Les Criméens font le choix de la Russie
Posté par communistefeigniesunblogfr le 17 mars 2014
Guerre ou paix, l’éditorial de Jean-Paul Piérot
Le résultat du référendum organisé hier en Crimée
n’était pas encore connu à l’heure du bouclage
de cette édition, mais on ne prenait pas un grand risque
en prévoyant que la péninsule de la mer Noire choisirait
de revenir dans le giron de la Fédération de Russie
après soixante ans d’appartenance à l’Ukraine.
Les conditions, dans lesquelles s’est préparée et déroulée
cette consultation, n’étaient guère favorables à l’instauration
d’un débat public, contradictoire, équitable, pour ne pas dire serein.
Moins d’un mois s’est écoulé depuis la mise en place à Kiev d’un gouvernement intérimaire orienté vers l’Union
européenne et les États-Unis, mais largement contesté dans les régions de l’Est et du Sud, qui redoutent
une prise de distance entre l’Ukraine et la Russie.
L’initiative des autorités pro-russes de Crimée, appuyée par Moscou, apparaît comme un moment du bras de fer
engagé contre un nouveau pouvoir à leurs yeux illégitime et, dans le même mouvement, contre les puissances
occidentales et atlantiques dont le soutien à l’insurrection de Maïdan n’avait rien de désintéressé.
Pour autant, il serait faux de conclure que le vote de dimanche ne traduit pas l’opinion majoritaire des Criméens,
qui se sont rendus massivement aux urnes. Deux heures avant la fermeture des bureaux de poste, les autorités
annonçaient une participation de 73%. Mais c’est un vote de crise, qui conduit les habitants à chercher une issue
dans la séparation, dans la division, dans l’exaltation de l’identité. L’orientation du nouveau pouvoir de Kiev,
non seulement pro-européen – l’Ukraine est évidemment européenne –, mais plus précisément pro-occidental,
pro-Otan, et qui accepte en son sein des factions nationalistes et d’extrême droite, a favorisé dans la population
une polarisation autour de la Russie, que le Kremlin a évidemment exploitée. On peut regretter que la Crimée ait
choisi la sécession, mais la responsabilité n’en incombe pas qu’aux organisateurs du référendum. Loin s’en faut.
Le recours aux modifications des frontières, même revendiqué au nom du droit à l’autodétermination des peuples,
est toujours facteur de risques. Le réalisme va-t-il commander aux dirigeants de Kiev et de Moscou de prendre
des mesures d’apaisement et de confiance afin d’éviter une déstabilisation générale de l’Ukraine si d’autres régions
s’engageaient dans la voie empruntée à Simferopol ?

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