« Le traité transatlantique est une menace pour notre agriculture » (Marc Dufumier)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 25 février 2014
AGROALIMENTAIRE
Salon de l’Agriculture :
« Le traité transatlantique est une menace pour notre agriculture »
Marc Dufumier est professeur émérite à Agro ParisTech.
Il est membre du comité de veille écologique de
la Fondation pour la nature et l’homme. Il est l’auteur
de 50 Idées reçues sur l’agriculture et l’alimentation.
L’Humanité l’a rencontré à l’occasion de l’ouverture du Salon de l’Agriculture.
Est-on bien parti pour combiner agroécologie et hautes performances économiques ?
Marc Dufumier. Nos politiques sont fortement conditionnées par celles menées à l’OMC, mais encore
plus aujourd’hui, par celles qui se discutent dans le cadre des accords de partenariats bilatéraux,
dont le prochain traité transatlantique. Ce que l’on appelle les accords de libre-échange, quoiqu’il n’y a
rien de libre là-dedans. Ils ne sont qu’une menace pour notre agriculture en termes de compétitivité.
Bien que le pire se joue au sein même de l’Union européenne. Il y existe aujourd’hui de vrais latifundia,
à la mode brésilienne. De très grands domaines privatisés, dans lesquels des gens placent des capitaux
et dont même le gérant est un salarié. Si nos politiques agricoles décident de jouer la carte d’une compétitivité
à bas prix monétaire, dans ce cadre international, la France n’a aucune chance. Le blé picard cédera
face au blé ukrainien, le lait breton face au lait néo-zélandais, la betterave face à la canne à sucre brésilienne.
La loi d’avenir pour l’agriculture fait-elle fausse route en ambitionnant une double performance
économique et environnementale ?
Marc Dufumier. La politique agricole commune (PAC) vient d’être réformée et va conditionner beaucoup de choses.
En ce sens, nous avons perdu une bataille essentielle. Nous aurions pu faire en sorte que les 9 milliards d’aides
accordées chaque année aux agriculteurs viennent rémunérer les bons produits – de terroir, bio, label rouge
ou autres – et les services d’intérêt général rendus par les agriculteurs : éviter l’effondrement des abeilles, fixer
du carbone dans le sol… Elle y a renoncé. De fait, nous sommes condamnés à ce que, jusqu’en 2020,
tous les ans, 9 milliards d’euros aillent servir à enrichir les plus grandes exploitations sans quasiment
aucun caractère incitatif à diminuer les coûts cachés des impacts environnementaux. Ceux qui résultent
des résidus de pesticides dans les fruits et légumes, des hormones dans le lait, des anti-inflammatoires
dans la viande… ou du cheval dans le bœuf.
Quels objectifs souhaiteriez-vous voir appliquer en France ?
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