La lutte au bout des ongles
Posté par communistefeigniesunblogfr le 24 février 2014
Sans papiers
La lutte au bout des ongles
par Fanny Doumayrou
Sans salaire depuis deux mois, les cinq manucures
chinoises d’une onglerie du 10e arrondissement
de Paris sont en grève avec occupation.
Elles exigent leur paye, et des papiers !
Boulevard de Strasbourg, dans le 10e arrondissement
de Paris, le microquartier de la beauté africaine.
Des boutiques de perruques, de cosmétiques, des salons de coiffure, des ongleries, des rabatteurs qui hèlent
les passantes… Et tout à coup, un drapeau CGT et des tracts en vitrine ! Au numéro 50, depuis dix jours le va-et-vient
des clientes de la boutique Supply Beauty a été remplacé par les allées et venues, d’un autre style, des militants
syndicaux et politiques. Avec le soutien de la CGT et du PCF, cinq Chinoises (quatre femmes et un jeune homme,
en fait), employées à la pose de faux ongles, sont en grève et occupent nuit et jour leur lieu de travail, pour réclamer
leur salaire, et des papiers.
Six jours sur sept et même le dimanche
Au rez-de-chaussée minuscule de la boutique – 15 m2 environ – six postes de travail tout aussi étriqués ont été
installés. Des petits bureaux encombrés de boîtes de faux ongles, d’instruments et de produits chimiques,
où les travailleuses s’activent de 9 h 30 le matin, à… 20, 21, voire 22 heures le soir, six jours sur sept et même
le dimanche en décembre, pour les fêtes. La paye, c’est 50/50 avec le patron, ce qui leur laisse entre 800 et 1 500 euros
chaque mois, précise Lin Mei, quarante-sept ans, la gréviste qui parle le mieux le français. Sachant qu’elles achètent
elles-mêmes le matériel, pour 100 à 200 euros par mois. Au fond de la boutique, un escalier branlant en colimaçon
mène à l’étage : trois pièces transformées en salon de coiffure, où travaillent neuf employées d’origine africaine.
Se faire payer n’a jamais été facile, raconte Lin Mei, qui travaille ici depuis deux ans. Le patron, d’origine ivoirienne,
donne l’argent en plusieurs fois, il faut toujours réclamer. Mais, en décembre, l’homme a carrément disparu.
Depuis, les manucures ont travaillé, un « chef » a continué à encaisser les clientes, mais aucun salaire n’a été versé.
Le lundi 3 février, la coupe est pleine, les Chinoises arrêtent le travail. « Elles sont parties en grève toutes seules !
raconte, admirative, Pascale, secrétaire générale de l’union locale CGT du 10e. Au bout de trois jours, elles ont vu
que ça ne donnait rien, elles sont entrées en contact avec la CGT. On a organisé l’occupation. Maintenant, l’objectif
est de récupérer les salaires dus, et d’obtenir une régularisation pour qu’elles aient les mêmes droits que n’importe
quel salarié français. »
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