Goodyear Amiens-Nord : Face aux revendications légitimes des salariés, la réponse du gouvernement : les CRS
Posté par communistefeigniesunblogfr le 8 janvier 2014
Goodyear : la rage au cœur
Les deux cadres de l’usine d’Amiens-Nord ont été
laissés libres. Cible d’une droite et d’un Medef
déchaînés, la CGT appelle les salariés à occuper
l’usine pour obtenir des indemnités décentes.
Amiens, envoyé spécial. Les camions de police sont finalement apparus hier après-midi sur le parking de l’usine Goodyear de la zone industrielle d’Amiens-Nord. Suite logique aux cris d’orfraie de la droite qui, depuis vingt-quatre heures, n’ont cessé de se répandre sur les ondes des radios et les écrans de télévision.
Le Medef avait décoché ses flèches dès lundi, qualifiant de « violente, totalement contraire aux principes du dialogue et du droit » l’action menée par les salariés du fabricant de pneumatiques.
Pour certains cadors de l’UMP, la lutte syndicale s’apparenterait même à du terrorisme religieux. « Quand une église est attaquée et profanée, le gouvernement doit faire respecter l’État de droit. Mais c’est vrai aussi dans une entreprise », a ainsi déclaré, hier matin, Jean-Pierre Raffarin sur les ondes d’Europe 1. Quelques heures plus tard, le président UMP du conseil général des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, en appelait même à « utiliser la force publique pour libérer ces deux dirigeants », allant jusqu’à qualifier les syndicalistes de la CGT « d’extrémistes qui manipulent des syndicats archaïques ».
La messe était dite. Et quelques heures plus tard, ces nouveaux « conseillers » du gouvernement socialiste étaient entendus avec l’arrivée des camions de la force publique. L’image fera frémir à coup sûr dans les chaumières de l’UMP et du Medef : entourés de policiers et sous les cris de : « Les voyous, c’est pas nous » d’ouvriers à bout de nerfs, le directeur de production, Michel Dheilly, et le directeur des ressources humaines, Bernard Gessler, sont raccompagnés à la sortie de l’usine. « Ils ont eu à manger et à boire. Ils pouvaient joindre leur famille. On se connaît depuis longtemps vous savez. M. Gessler a même eu droit à la visite du Samu qui a constaté une santé excellente. Il n’y a eu aucune violence de notre part », affirmait Reynald Jurek, délégué syndical CGT de l’usine, plus tôt dans la matinée.
En effet, à entendre et à regarder de plus près les ouvriers de Goodyear, qui se sont succédé dans l’usine depuis vingt-quatre heures, la violence a d’autres traits. « On nous accuse de terrorisme, reprend le syndicaliste, mais nous, cela fait sept ans qu’on nous violente. Aujourd’hui, j’ai l’impression que personne ne nous a écoutés : ni la direction, ni les pouvoirs locaux, ni les médias, ni l’État. » À côté de lui, Alain, cinquante-cinq ans, l’interrompt, le ton amer : «Vous voyez, il y a pas deux ans (montrant une place de parking), c’est ici même que le candidat Hollande se tenait. Pour nous promettre quoi ? Qu’il ferait une loi pour interdire les licenciements dans les entreprises qui font du bénéfice! Et aujourd’hui, vous voyez où on en est ! Hollande nous a trahis ! Je ne voterai plus jamais pour quiconque. On n’a plus rien à sauver ; ce qu’on veut maintenant, c’est une compensation décente. »
« Il y a derrière cela une colère légitime »
Depuis lundi, les quelque 200 salariés retenant les deux cadres de Goodyear avaient décidé de frapper fort pour dénoncer des indemnités de départ jugées indécentes: «Moi, cela fait dix-huit ans que je travaille dans cette boîte, explique Pascal, ouvrier sur la section pneus de tourisme, aujourd’hui je gagne 1 500 euros par mois, vous croyez qu’avec 20 000 euros d’indemnités, je vais partir avec le sourire ?» À ses côtés Renaud, la soixantaine, travaille pour une société de maintenance proche d’Amiens: «On parle des 1 173 ouvriers et ouvrières qui vont perdre leur emploi à Goodyear. Mais on oublie les 2 000 emplois qui risquent de disparaître dans les boîtes de sous-traitance de la région. Chez nous, nous sommes 4 ouvriers, quand Goodyear va fermer, le patron va sans doute en licencier un ou deux !»
Une réalité que Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a été l’un des rares à rappeler: «Je les soutiens depuis le premier jour, ce sont des gens qui n’ont plus de revenus, les plus âgés ne vont pas retrouver d’emploi», rappelle-t-il, ajoutant quant à la méthode: «On ne peut pas faire ça partout, mais il y a derrière cela une colère légitime. (…) Ils ont enrichi le pays. Ils ont travaillé pour la France.» Un détail de l’histoire que le président Hollande a oublié.
Les ouvriers de Goodyear ont en tout cas bien l’intention de se rappeler à la mémoire de leurs employeurs. Après avoir laissé partir les deux cadres, la CGT a appelé les salariés à occuper le site : 300 000 pneumatiques y sont enfermés depuis plusieurs semaines. Un coup dur pour le porte-monnaie de la direction.
A lire aussi :
Pierre Laurent sur BFMTV le 7 janvier 2014
Je soutiens toutes ces personnes qui ont – depuis de nombreuses années – participé à l’enrichissement de la Sté Goodyear qui les employaient et qui, aujourd’hui, vont se retrouver face à une situation difficile vu la grande faiblesse du marché de l’emploi actuellement dans notre pays.
Je les encourage à entrer en discussion constructive et positive avec la Sté Goodyear – puisque les dés sont jetés – afin de partir dans les meilleures conditions, avec des indemnités décentes et des possibilités de formation de reclassement…
Bonne chance à tous.