« La question des fusillés de 14-18 n’a jamais cessé d’être posée » (Nicolas Offenstadt)
Posté par communistefeigniesunblogfr le 10 novembre 2013
Centenaire
Nicolas Offenstadt : « La question des fusillés de 14-18
n’a jamais cessé d’être posée »
L’historien, spécialiste de la Grande Guerre, revient
sur la nouvelle étape mémorielle que peuvent
représenter les commémorations du centenaire
de la der des der.
L’idée d’engager une nouvelle étape dans la réhabilitation
des fusillés pour l’exemple semble se développer.
Qu’en pensez vous ?
Nicolas Offenstadt. Le plus important, sur cette question des fusillés, c’est de comprendre qu’elle s’inscrit
en réalité dans un processus qui s’est engagé dès l’entre-deux-guerre, c’est-à-dire que la question des fusillés
n’a jamais cessé d’être posée. Dans les années 1920 et 1930, il y a des milliers d’anciens combattants
qui militent pour la réhabilitation d’un certain nombre de fusillés et pour faire condamner ce qu’on appelait
les «crimes des conseils de guerre». Ils ont obtenu des dizaines de réhabilitations. La justice militaire,
plus généralement, ce sont les anciens combattants de 1914 qui l’ont remise en cause, à tel point qu’elle a été
réformée en 1928. Le problème dans la commémoration telle qu’elle a été engagée me semble porter sur le fait
que le gouvernement a fait le choix de commémorer à la fois 1914 et 1944. Ce double anniversaire me paraît
être une source de confusion. Par ailleurs, l’idée de célébrer la Grande Guerre en donnant l’image d’une unité
idéalisée de la nation en guerre est erronée. En fait, de nombreuses conflictualités, résistances et luttes
l’ont traversée.
Les derniers poilus sont morts. N’y a-t-il pas un risque d’enfouissement de la mémoire
des événements de la Première Guerre mondiale?
Nicolas Offenstadt. À court terme et même à moyen terme, non. C’est une mémoire extrêmement vivante
dans les familles. La génération des enfants et des petits-enfants, par exemple, est extrêmement sensible
à l’expérience des aïeux, et on ne compte pas le nombre de familles qui valorisent le souvenir des poilus,
que ce soit en conservant des objets des tranchées ou des correspondances. Il y a vraiment un intérêt très fort
qui est à la fois familial, politique et social en France comme dans le reste de l’Europe. Des milliers de projets
dans toutes les régions sont d’ailleurs en cours pour cette commémoration. Le problème se pose à plus long terme.
La mémoire a une histoire et n’est jamais figée. Elle vit en fonction des enjeux sociaux.
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- A consulter :
Sondage Ifop pour l’Humanité :
75% des Français pour la réhabilitation des fusillés
de la Première guerre mondiale
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