MUNICIPALES
Front de gauche, l’espoir à l’échelle des villes
Dans une enquête qualitative menée sur trois groupes
d’électeurs du PCF et du Front de gauche, l’Ifop relève
les attentes fortes de politiques de gauche au niveau
municipal face à la déception créée par le gouvernement
et l’atout que représentent, dans ce contexte,
l’image et le bilan flatteurs des élus communistes.
Quelle place tiennent le PCF et le Front de gauche dans les esprits des électeurs de gauche ?
Quelles sont leurs attentes à quelques mois des élections municipales ?
Croient-ils toujours dans l’efficacité de la politique pour améliorer le quotidien ?
Des questions essentielles pour les responsables politiques de gauche qui, en des temps troublés, cherchent parfois
quel cap tenir. Mais des questions que les traditionnels sondages quantitatifs, aux réponses suggérées,
ne suffisent pas à éclairer.
C’est pour avoir une perception plus juste de ces réalités que le PCF a commandé à l’institut Ifop une étude d’opinion
« qualitative » : pas de statistique mais des paroles libres recueillies et recoupées parmi des panels sélectionnés.
L’institut a ainsi interrogé trois groupes d’électeurs ciblés pour l’intérêt particulier que représente leur perception :
le « cœur de cible », un groupe de Franciliens de la « banlieue rouge » (Saint-Denis, Nanterre, Bobigny, Villejuif…)
et « électeurs du PCF » ; « les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2012 » interrogés à Montpellier ;
et, enfin, le groupe des « électeurs PC face à la menace FN », dans le Vaucluse, où l’extrême droite compte des élus.
Un découragement sur les questions nationales, un engagement au local
Dès les premières pages de l’étude, c’est le désenchantement qui l’emporte. Les personnes interrogées décrivent
une France en déclin, vieillissante et prenant du retard sur la marche du monde. Les comparaisons sont éloquentes :
« C’est comme l’Espagne d’il y a trente ans ; la jeunesse aujourd’hui s’expatrie », expose l’un des sondés.
La crise elle-même est sujette aux doutes : on ne sait plus si elle est « systémique », « sans précédent »…
ou un simple alibi pour faire passer la pilule de l’austérité. C’est aussi l’image d’un pays « éclaté » qui se dessine
dans les esprits. Les personnes interrogées pointent les « fractures » de la société française : riches contre pauvres ;
Paris contre province ; entre secteur public et secteur privé.
Mais attention : il s’agit là de leur vision de la réalité qu’ils vivent, pas de souhaits. Ainsi l’Ifop note que « les tentatives
de divisions (notamment entre les Français et les immigrés) (…) agacent ces électeurs, parce qu’ils les trouvent
illégitimes et porteuses de tensions négatives pour l’équilibre du pays ».
Les sondés reconnaissent une qualité au gouvernement : « On monte moins les gens les uns contre les autres,
là, on est un peu plus serein, on ne va pas chercher le voisin », note l’un des membres d’un panel. Mais cela n’empêche :
le gouvernement est principalement perçu comme n’ayant plus la main sur les décisions et ayant renoncé même
à la reprendre. « J’ai l’impression qu’ils n’ont plus les commandes », dit un autre.
Surtout, le gouvernement n’a pas su rétablir de sentiment de justice sociale. Les sondés issus de la classe moyenne
se sentent pris en étau entre les plus riches « qui s’en sortiront toujours » et les plus précaires qui bénéficient d’aides
auxquelles ils n’ont pas le droit. Même si aucun ne s’en prend à l’« assistanat », tous regrettent le constat d’un système
inefficace et mal calibré.
En résumé, c’est le portrait d’une France qui se dégrade en général qui apparaît pour chacun : « Je suis obligé
de beaucoup plus travailler pour avoir le niveau de vie que j’avais avant », lit-on. Mais, pour autant,
parmi ce « peuple de gauche », rien ne montre de propension à la mobilisation : « Se battre contre des politiques
qui ne peuvent pas grand-chose ? » interroge un participant. Dépossédés des enjeux nationaux, les sondés se replient
sur la sphère locale et y développent de nouvelles formes d’engagement, qui « semblent parfois davantage relever
d’une forme de “militance du système D” » collectivement organisée au niveau local, selon l’Ifop, que de nouvelles
formes de lutte collective.
Une demande de radicalité à gauche, et d’unité contre la droite et le FN
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