« Les pollutions engendrées par l’industrie minière représentent un danger pour les décennies à venir »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 29 septembre 2013
EXTRACTIVISME
« Les pollutions engendrées par l’industrie minière
représentent un danger pour les décennies à venir »
par Simon Gouin
Des prix records, une demande croissante, un besoin
de sécurisation des approvisionnements :
une nouvelle ruée vers les minerais est à l’œuvre,
partout dans le monde.
Face aux multiples impacts de cette industrie, les résistances se multiplient, en Amérique
Latine comme en Afrique ou même en Europe. Réussiront-elles à protéger les eco-systèmes
menacés ? Entretien avec William Sacher, chercheur basé à Quito, qui travaille depuis 8 ans
sur l’exploitation minière industrielle. Un entretien accompagné de photos de cours d’eau
pollués par l’acide utilisé dans les mines.
Basta ! : Un permis d’exploration a été accordé à une société australienne, dans la Sarthe,
en juin dernier (lire l’article de Basta !). Comment expliquez-vous ce regain d’intérêts
pour les ressources minières, en France ?
William Sacher [1] : Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle ruée vers les « ressources » du sous-sol
en Europe. Mais il faut comprendre que la notion de « gisement » est dynamique, et possède certes
une dimension géologique, mais aussi technologique, économique, politique, sociale et culturelle tout aussi
importantes. Des innovations dans les techniques d’extraction et une flambée de prix amènent à qualifier
aujourd’hui de « gisement » ce qu’hier on considérait encore comme de la terre « stérile ». La qualité
des gisements exploitable de façon rentable est d’ailleurs en baisse constante depuis le début de l’ère
industrielle. Les grandes sociétés aurifères, par exemple, vont même jusqu’à exploiter des gisements
dans lesquels l’or se trouve dans une concentration d’un gramme d’or par tonne de roches traitées.
C’est une des raisons pour lesquelles certains minéraux du sous-sol sarthois, bien que présents à l’état
de poussières dans la roche, sont aujourd’hui considérés comme intéressants par l’industrie minière.
Vous expliquez qu’il y a aussi des dimensions culturelle et géopolitique qui entrent en jeu.
Oui. Tout d’abord, même si on estimait que le sous-sol du 5ème arrondissement de Paris était riche,
un permis ne serait sûrement pas accordé ! La Sarthe n’est pas trop densément peuplée et ne présente
pas d’obstacle majeur : du point de vue du gouvernement, sa population ne dispose a priori pas
d’une influence politique et sociale qui serait à même de mettre en péril un projet minier !
Notes
[1] William Sacher est titulaire d’un PhD en sciences de l’atmosphère et des océans de l’université de McGill de Montréal,
et co-auteur de Noir Canada (Écosociété, 2008) et de Paradis Sous Terre (Rue de L’échiquier, 2012). Il est aussi candidat
au doctorat en Économie du développement à la Faculté Latinoaméricaine des sciences sociales (FLACSO), Quito, Équateur.
En savoir plus :
Le Canada, plaque tournante de l’industrie minière… et de ses magouilles.
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