Réforme des retraites : Entretien avec Jean-Marie Harribey, membre du conseil scientifique d’Attac
Posté par communistefeigniesunblogfr le 5 septembre 2013
« Un projet de réforme des retraites fou et aberrant »
Entretien réalisé par Florent Lacaille-Albiges
Jean-Marie Harribey est professeur d’économie à l’université
de Bordeaux-IV et membre du conseil scientifique d’Attac.
Il s’engage au côté du Collectif retraites 2013 pour contrecarrer
le projet de réforme annoncé par le gouvernement.
Vous faites partie du collectif Retraites 2013 et vous participez
à de nombreuses conférences d’alerte sur le sujet.
Quelle est votre réaction face à la réforme présentée
par le gouvernement?
Jean-Marie Harribey. Ce projet est semblable à toutes les réformes menées précédemment
par des gouvernements de droite. C’est à dire qu’il prétend qu’au nom de la réduction des dépenses
publiques et au nom de la réduction du soi-disant coût du travail, il faut allonger la durée du travail.
Comme les précédents, ce projet-là est donc totalement injuste et aberrant. Tout d’abord, forcer
les gens à travailler plus longtemps, alors que le chômage explose, est une aberration économique
en plus d’être une injustice sociale de première grandeur. Ensuite, faire travailler les gens plus vieux,
alors que les entreprises s’ingénient à se débarrasser des salariés dès lors qu’ils ont atteint
l’âge de 55 ans, ne peut conduire qu’à une diminution des droits que vont acquérir les salariés
et donc des pensions. D’ailleurs, tel est l’objectif ultime de cette réforme : baisser le coût des pensions
dans la valeur produite par les travailleurs. Donc, c’est une réforme antisociale et, d’un point de vue
économique, elle est contre-productive pour relancer la croissance.
Avec la fondation Copernic et Attac, vous avez publié un livre Retraite : l’alternative cachée.
Quelles sont les alternatives que vous proposez?
Jean-Marie Harribey. Face à ce projet, nous opposons une alternative pour financer les retraites
en augmentant les cotisations sociales. Il y a plusieurs solutions pour cette augmentation.
Soit on peut augmenter le taux des cotisations retraites versées par les entreprises, un taux qui n’a
pas bougé depuis des années et des années.
Soit – et c’est peut-être plus astucieux – on peut élargir l’assiette de cotisations sociales à l’ensemble
des dividendes, qui est l’autre composante de la valeur ajoutée par les travailleurs dans leur activité.
En faisant des réformes de ce type, on agit au niveau de la répartition primaire des revenus. Ça permet
de déplacer le curseur de la répartition des revenus dans l’autre sens que celui qui a été promu depuis
maintenant trois décennies par le capitalisme néolibéral, et de modifier le rapport de force entre capital
et travail.
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