« La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres »
Posté par communistefeigniesunblogfr le 18 mai 2013
INCENDIE MEURTRIER
La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres
Par Philippe Alain (15 mai 2013)
Dans la nuit du 12 au 13 mai, un incendie a ravagé une usine désaffectée de Lyon, où vivaient 200 Roms.
Bilan : trois morts. Pour des « raisons de sécurité », l’électricité avait été coupée quelques jours
auparavant, obligeant les habitants à s’éclairer à la bougie. Face à la souffrance des familles endeuillées,
Manuel Valls n’apporte aucun réconfort. Et promet de continuer sa politique de démantèlement
et d’évacuation des campements.
Depuis lundi 13 mai 2013, la politique de stigmatisation
menée par le gouvernement français contre les Roms
ne se chiffre plus seulement en nombre de reconduites
à la frontière ou en nombre de destruction de bidonvilles.
Elle se chiffre désormais en nombre de cadavres.
Beni, un garçon de 12 ans, ainsi que deux femmes, Pamela
et Patrina, sont morts, brûlés vifs, dans l’incendie
de l’immeuble dans lequel ils vivaient à Lyon depuis 8 mois.
Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste
Gérard Collomb, coupe l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les squatteurs ont osé
se brancher sur un distributeur de courant et monsieur Collomb craint probablement que des enfants ne
s’électrocutent. Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que les Roms sont comme
nous, ils ont besoin de lumière. Faute de courant, ils s’éclairent donc à la bougie. Et trois d’entre eux en sont
morts.
Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent toujours sur les lieux du sinistre
et que de nombreux journalistes sont présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute
la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Un peu plus tard
dans la matinée, des hommes en noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines.
Les journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel Valls, arrive sur les lieux du drame.
Dans la confusion la plus totale et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur,
Christine Taubira, ministre de la Justice, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-François Carenco,
préfet de la région Rhône-Alpes, vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.
Aucun mot, aucun regard
Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes institutions de la République et élevées
dans le sérail des grandes écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus élémentaire,
ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui attendent à quelques mètres.
Les Roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ?
Un geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles que la République française
s’incline devant leur douleur ? Non, rien. Rien de rien. Roms vous êtes, Roms vous resterez.
Au contraire, Manuel Valls, oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles endeuillées va
réaffirmer le leitmotiv de sa pré-campagne présidentielle, qui est également devenu le fondement de la politique
du gouvernement français contre la minorité rom : « Il faut poursuivre le travail de démantèlement et d’évacuation
des campements ». « Comme l’a si bien commencé Nicolas Sarkozy », aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur,
aucune retenue. Alors qu’il a sous les yeux le résultat de plusieurs années d’expulsions à répétition, il répète
inlassablement les même paroles et promet la même politique, responsable de la mort de trois personnes.
Manuel Valls tient absolument à continuer la chasse aux femmes, aux enfants, aux vieillards. Il tient absolument
à les condamner à vivre dans des endroits de plus en plus dangereux. Quitte à ce qu’ils en meurent.
Source photo : superbe reportage sur les bidonvilles de Lyon par Franck Boutonnet / Collectif Item
Lire le blog de Philippe Alain
Publié dans France, Politique nationale, Racisme - Xenophobie, Sans Papiers - Immigration | Pas de Commentaire »