La culture n’est pas une monnaie d’échange
Posté par communistefeigniesunblogfr le 15 mai 2013
La culture, une exception essentielle,
l’éditorial de Paule Masson
«Un poète, et tout sera sauvé», disait Jean Vilar. Le créateur
du Festival d’Avignon s’est battu toute sa vie pour la création
d’un grand service public de la culture aussi essentiel
à la civilisation que l’eau, le gaz ou l’électricité.
Il disait à sa manière que la culture mérite investissement et
doit se tenir loin, très loin, des esprits boutiquiers, des normes
comptables, de la logique marchande.
À l’heure où s’ouvre le Festival de Cannes, les cinéastes tiennent
un premier rôle dans la défense d’une conception de la culture
qui ne démissionne pas devant les forces du marché.
La pétition « L’exception culturelle n’est pas négociable », signée
par les plus grands réalisateurs, a déclenché l’alarme et alimenté
un mouvement qui pourrait bien empêcher l’Europe
de céder à la tentation de la libéralisation de la culture.
L’enjeu est de taille. Avant l’été, des négociations officielles doivent s’ouvrir entre la Commission européenne
et les États-Unis sur un accord de libre-échange qualifié par le commissaire en chef José Manuel Barroso
de « plus grand accord commercial du monde ». À la suite de l’échec, en 2006, de la ronde de négociations menée
sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce sur la « libéralisation du commerce international »,
Bruxelles et Washington avancent dans la mise en place d’un marché transatlantique. Outre que l’Europe sociale
aurait peu à gagner d’un accord de libre circulation marchande de tous les biens et les services, le projet de mandat
intègre les services audiovisuels et cinématographiques aux négociations.
Le même Barroso, qui se payait le luxe d’affirmer que « la réponse à la crise, c’est la culture », s’est autorisé
à piétiner un principe né en Europe il y a vingt ans, sous impulsion française, quand l’Union européenne a fait exclure
des négociations sur l’AGCS (accord général sur le commerce des services) les biens culturels. Face à l’exception
culturelle, campée sur l’idée que seul le soutien public permet de protéger la diversité, le modèle nord-américain
s’inscrit dans une logique purement financière qui pousse à la standardisation. La négociation ne s’annonce donc pas
de tout repos. En exclure la culture s’impose comme un préalable, que va défendre vendredi Aurélie Filippetti,
avec treize de ses pairs, lors d’une réunion des ministres européens de la Culture.
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deux fois lauréats de la Palme d’or à Cannes.
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